MEATHEAD GOES HOG WILD, du trio de réalisateurs américains Sean Pierce, Zach Harris et Kevin Cline, est un film complètement éclaté et totalement rafraîchissant. Un film qui sort définitivement des cadres, un film qui surprend à coup sûr et que le festival décrit lui-même comme l’ovni de Fantasia2015.
Un scénario atypique.
MEATHEAD raconte l’histoire d’un jeune homme qui, après avoir perdu son emploi dans une boucherie en raison de son look et de son attitude, passe la pire nuit de toute sa vie. Voulant se venger de son ancien employeur, il décide de voler une grande quantité de viande pour ensuite la distribuer dans un quartier pauvre de Chicago. Mais les rencontres se succèdent et le plan ne se déroule pas tout à fait comme prévu. Le jeune homme s’enfonce dans une colère animale, provoquant ainsi un déchaînement d’actions de plus en plus étranges.
MEATHEAD, une réalisation pertinente.
Sur papier, il est difficile pour ce film de provoquer de grandes passions. C’est là où la réalisation fait sa marque. Tous les choix esthétiques du film convergent vers un objet tout à fait original. Le choix des plans larges et souvent fixes amène un temps de réflexion sur le sujet du cadre. Et franchement, ça fait du bien un film où il n’y a pas de sur-découpage !! Les réalisateurs, en général, ont tendance à multiplier les prises de vues d’une même séquence pour dynamiser, mais souvent la méthode nuit au résultat. Dans MEATHEAD, un seul cadrage suffit pour exprimer la situation. Par ailleurs, le montage est très bien exploité. Par un genre de montage en parallèle, on réussit très bien à souligner la folie et la rage qui montent chez le personnage. La musique y joue aussi une place importante. Elle s’impose parfois violemment, un peu à l’improviste, et sa puissance couvre quelquefois les dialogues (volontairement bien sûr!), nous transportant autre part et soulignant ainsi une sorte d’horreur et de drame latent sous la superficialité de quelques personnages secondaires. D’ailleurs faite de synthétiseurs, cette musique m’a étrangement rappelé le film SYNCHRONICITY de Jacob Gentry, présenté un peu plus tôt à Fantasia. Est-ce une nouvelle mode qui débute ?
Original et savoureux.
Au final, MEATHEAD GOES HOG WILD est selon moi un film très efficace, gorgée d’un humour noir parfois très subtil parfois grinçant. Un film qui propose quelques réflexions intéressantes, dont une sur notre rapport au corps. L’ouverture du film se fait sur un culturiste montrant ses muscles huilés sous une musique de synthétiseurs envahissante. Les nombreuses allusions à la baise, le désir du jeune homme de s’entraîner, le fait qu’il se rase la tête pour s’opposer à son patron ainsi que toute cette frustration physique accumulée qui jaillit en coups et en cris sont nécessairement des pistes de réflexion sur un rapport au corps en plein changement (non seulement pour le personnage mais dans nos sociétés contemporaines). Bref, un gros bravo aux trois réalisateurs et spécialement à Kevin Cline pour sa performance violente et viscérale !