L’ordre et la morale

Fascination et  Moralité sont les maîtres mots de ce septième film de Mathieu Kassovitz.  ♥♥♥♥

L’HISTOIRE :

Avril 1988. Île d’Ouvéa, Nouvelle-Calédonie. Un groupe d’indépendantistes Kanaks attaque la gendarmerie de Fayaoué, tue 4 gendarmes et en  enlève 30 qu’ils vont retenir en otage dans une grotte isolée sur cette toute petite île. L’État français envoie l’Armée avec 300 hommes et un véritable arsenal de guerre pour rétablir    l’ordre.

Entre le premier et le second tour des élections présidentielles, opposant François Mitterrand à son Premier ministre Jacques Chirac, le    capitaine Philippe Legorjus du GIGN va passer dix jours à négocier avec les différents acteurs de ce drame… 

Le travail effectué ici par Mathieu Kassovitz est considérable. Retranscrire avec le plus de véracité possible les faits liés à l’assaut du 5 mai 1988 en Nouvelle Calédonie n’était pas une mince affaire…

Il fallait aussi attendre une bonne vingtaine d’année, afin de ne pas affoler les esprits et une réflexion d’une décennie pour que le sujet vienne à maturité pour l’acteur/réalisateur Kassovitz :

Si « Les rivières pourpres » était une bonne adaptation, « Gothika » fonctionnait comme un film de série B américain; et    après l’échec « Babylone A.D. », Mathieu Kassovitz avait à cœur de revenir avec un film solide sans prétention de mise en scène ou d’effets de style.

S’il a depuis longtemps fait exploser la bulle « La Haine » qui faisait de lui un réalisateur en devenir (et par ailleurs entretenu une belle carrière d’acteur en pointillés), Mathieu Kassovitz semble se consacrer désormais à des causes qui lui sont chères.

Au final, le résultat est un film intelligent et complexe, un peu à l’image de L’exercice de l’État ; un de ces films dont on se dit qu’on gagnerait à les voir une seconde fois.

La similitude ne s’en tient pas à la complexité des faits; elle s’étire également jusqu’aux pouvoirs d’un homme…face aux volontés politiques.

Pour « L’ordre et la morale », il s’agit de celles d’effectuer un assaut à la veille du second tour des élections présidentielle dans le souci de s’attirer les voix de l’électorat d’extrême droite. Pour L’exercice de l’État, c’est un homme, ministre, non soutenu par le gouvernement, et qui se voit dans l’obligation de privatiser les gares.

Si l’ensemble est globalement long, le film retranscrit fort bien la tension et les sentiments ressentis par son personnage principal…les 45    dernières minutes sont même fascinantes.

Certes, cette fois-ci, notre Mathieu se révèle meilleur réalisateur qu’acteur (l’ombre d’ « Amen » pesant en effet beaucoup trop    sur son jeu d’acteur), mais il sait rendre crédible son histoire et niveau direction d’acteurs, il faudra saluer un ensemble cohérent et noter la présence d’un nouveau venu qui crève l’écran : Alexandre Steiger dont on entendra sans doute parler dans le futur.

Pour le sujet, la pertinence et l’intelligence du propos, la justesse d’analyse psychologique, c’est toutefois un film extraordinaire dont    l’existence en elle-même est très importante.

 

 

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