Félix & Paul Studios et le PHI Studio en collaboration avec TIME Studios nous offrent une première mondiale dans le monde de la réalité virtuelle. Une expérience de près d’une heure unique au monde qui saura vous émouvoir et vous chambouler. À vivre seul ou en groupe, mais à vivre absolument, même si l’espace ne vous intéresse pas.
Dans ce parcours immersif, la plus grande promesse est ironiquement de voir des capsules qui ont déjà été diffusées, à savoir celles qui nous témoignent du quotidien dans l’intimité des astronautes (dont le Québécois David Saint-Jacques) lors d’un séjour à la Station spatiale internationale. Mais même si vous avez vu ces capsules, L’INFINI est bien plus.
L’entrée
Comme pour la majorité de ce genre d’expérience virtuelle, un espace conséquent est nécessaire. On entre donc dans un classique hangar situé à Arsenal Art Contemporain. Déjà, l’accueil nous met dans une forme de disposition mentale pour l’activité à venir avec son décor minimaliste à la 2001: A Space Odyssey. Un environnement blanc et un rectangle en néon suffisent. Un traditionnel panneau explicatif, telle une œuvre exposée dans un musée, est à votre disposition. Au fond, des murs blancs et une lumière blanche qui pointent vers un corridor que l’on devine être l’entrée de L’INFINI.
Après les consignes, nous sommes invités à prendre place dans un sas où la douce voix de Marie Brassard (également scénariste de L’INFINI) nous récite un texte explicatif de l’expérience à venir, un hommage à la lumière. Après quelques minutes, la porte du sas s’ouvre pour nous mener à l’installation des casques de réalité virtuelle. C’est à ce moment que l’immersion sensorielle complète commence.
La mise en bouche
Nous devons alors suivre la porte ornée d’une lumière blanche. Une fois franchie, on se retrouve en plein milieu de l’univers, des millions d’étoiles autour de nous. La vue est saisissante. Si l’on se sent minuscule à cette vue spectaculaire, dans cet environnement unique, le vertige pourrait cependant vous rappeler votre condition humaine. Mais les créateurs ont eu l’excellente idée de nous fournir un petit plancher d’étoiles bien à nous (visible que si l’on regarde vers le bas), évitant les effets néfastes du vertige. Le sentiment d’être un minuscule être dans cet infini est cependant assuré.
Devant nous se trouve la Station spatiale internationale aux murs transparents que l’on devra franchir. L’appel se fait rapidement puisqu’elle est parsemée de boules de lumière qui attirent notre attention. Chacune de ces boules est des capsules vidéos qui s’activent lorsque nous les atteignons de nos mains. Une fois qu’elles sont touchées, le casque active la capsule et nous y faisons la rencontre des astronautes.
L’odyssée dans l’espace
David Saint-Jacques, Anne McClain, Christina Koch ou encore Nick Hague nous présentent leur quotidien à bord de la Station spatiale; des aspects plus techniques aux tâches quotidiennes. Dans des séquences vidéo de quelques dizaines de secondes à quelques minutes, vous découvrez leur réalité dans une immersion visuelle assez complète.
Il y a quelque chose d’émouvant dans ses témoignages pourtant simples. Saint-Jacques vous regarde droit dans les yeux lorsqu’il vous adresse la parole. McClain nous accompagne dans cette découverte des lieux et des tâches partageant ce qui peut paraître banal, mais qui devient extraordinaire dans les tubes que sont les différentes pièces de la Station. Leurs joies, leurs plaisirs, leur bonheur imprègnent leurs paroles, leurs expressions, leurs regards. L’infini banal devient infinie réjouissance.
Il y a du surréel dans cette expérience que l’on veut “réalité”. Elle nous transporte dans une intimité qu’il nous serait impossible de vivre, nous humains ayant les deux pieds sur Terre. Leurs expressions accompagnées de leurs corps en trois dimensions nous laissent croire que nous sommes bien avec eux dans une immersion complète… apesanteur en moins. Notre émotion vient bien évidemment de cette chance unique à laquelle nous donne accès L’INFINI, celle de vivre ces quelques moments avec les astronautes. Cette expérience est grandement nourrie par l’aspect philosophique et spirituel détectable dans les paroles des astronautes s’adressant à nous. Il est difficile de ne pas être emporté par cette identification projective provoquée par la réalité virtuelle. Ils ne sont pas des acteurs, nous le savons, leur sincérité est alors encore plus désarmante.
L’ultime marche
À la suite de ces trois chapitres à bord de la Station spatiale internationale, vous comprendrez bien rapidement que vous n’avez pas vu toutes les capsules auxquelles il est possible d’avoir accès. Cette portion de l’exposition est limitée à 35 minutes et il est impossible de prolonger le chronomètre autre que de refaire toute l’expérience à nouveau.
Après la Station, une marche dans l’espace nous mène vers une porte sous forme d’un rectangle de lignes blanches brillantes, comme trois néons gracieux. L’appel de cette porte se fait, mais on le refuse facilement, préférant explorer le cosmos nous entourant; l’infini étant plus attirant qu’une quelconque porte que l’on soupçonne être une frontière qui mettra fin à cette portion de cette expérience unique. On voudrait bien s’accrocher plus longtemps à ce petit plancher d’étoiles sous nos pieds qui nous évite, à nouveau, les vertiges du vide de l’espace. Regardez ce plancher pour cette petite curiosité ou par besoin de stabilité, mais vaut mieux favoriser le haut qui est bien plus captivant, hypnotisant en fait.
Une vue sensible
L’expérience ne se termine pas là. Une fois la porte traversée, vous reposez vos jambes en prenant place sur un banc. Lorsque vous êtes bien installé, une ultime capsule de VR débute. Vous y voyez notre planète bleue du point de vue des astronautes à bord de la Station. Moment solennel qui pourrait bien vous émouvoir, ne serait-ce que pour la beauté de la Terre.
L’univers de Ryoji Ikeda
Une fois terminée, casque retiré, la sortie de cet espace maintenant sans magie (voir photo) vous amène à une pièce où l’œuvre The Universe within the Universe de l’artiste sonore et visuel Ryoji Ikeda est projetée. Une expérience en crescendo d’une projection au plafond parfaitement reflétée sur un miroir au plancher de différents visuels. Accompagnées d’une trame sonore composée de bruits qui ne sont pas toujours agréables puisqu’il n’y a aucune véritable musique mélodique, ces projections débutent par une représentation du microscopique pour se terminer par le macroscopique. Une dizaine de minutes particulières, mais fort intéressantes.
L’œuvre se poursuit avec un corridor où l’on déambule à travers des miroirs et des lumières qui savent bien capter notre regard. Une fois le corridor traversé, une dernière pièce minimaliste nous ramène sur Terre, plaçant la lumière naturelle en son cœur.
L’INFINI est une expérience unique qui vaut le déplacement. Vous sortirez fort ému de cette heure d’émotions impossibles à retrouver dans quelconque œuvre ou autre forme d’art.
Présentée en première mondiale, l’exposition est accessible du 21 juillet au 7 novembre 2021 avant de se déplacer vers la ville de Houston au Texas.
Lisez notre article sur la visite de l’exposition de réalité virtuelle Carne y Arena.