Les oiseaux de passage

Les oiseaux de passage, le nouveau film d’Olivier Ringer, est une réussite formelle aux accents bressonniens. ♥♥♥♥

Pour son anniversaire, Cathy reçoit de son père un oeuf qui deviendra un canard, un canard qu’elle devra s’occuper quand si elle en était la mère. Mais les circonstances en décident autrement, le jeune canard adopte plutôt Maggie, l’amie handicapée de Cathy, comme figure maternel. Les parents de Maggie ne se voient pas élever une enfant handicapée avec dans les pattes un canard. Cathy et Maggie partent donc en excursion pour aller reconduire le caneton au paradis des oiseaux.

Thématiquement, Olivier Ringer est en train de devenir le nouveau Carroll Ballard, un attachement particulier à la nature et au monde animalier, au rapport que ceux-ci peuvent avoir de particulier dans le passage de l’enfance à l’adolescence. La nature est au centre de l’œuvre de Ballard, le monde animal aussi, les chevaux dans Black Stalion, les loups dans Never Cry Wolf, les oies sauvages de Fly Away Home, les eaux dans Wind et le guépard de Duma. L’enfance et le passage à l’adolescence est également l’un de ses thèmes de prédilection, dans Nutcracker, Black Stalion, Fly Away Home et Duma, c’est particulièrement tangible. Chez Ringer, l’attachement à la nature et au monde animalier est en train également de devenir une signature, le poulain dans Pom, le Poulain, la foret et le chien dans À pas de loup et maintenant les canards et la réserve faunique dans Les Oiseaux de Passage, tout comme l’est cette attachement à l’enfance. Yves Ringer, co-scénariste des films de son frère, dit d’ailleurs en entrevue faire du cinéma principalement pour le publique jeune est d’autre chose à voir et à s’identifier que les film de Disney et Dreamworks.  

Le rapport que Maggie entretien avec le canard n’est pas si différent de celui que Amy entretient avec les siens dans Fly Away Home de Ballard, tout comme le père de Cathy n’est pas si différent dans sa vision idéalisée du monde que le père d’Amy. Mais là où le cinéma de Ringer prend la plus grosse divergente vis-à-vis de celui de Ballard est dans la vision de la mise en scène, sur ce niveau, Ringer semble plutôt être apparenté à Robert Bresson. Le jeu d’une certaine neutralité de Cathy est assez frappant, elle semble littéralement sortie d’un film de Bresson. Son montage aussi, fait de plans secs, presque découpés chirurgicalement, ne nous montre que l’essentiel d’un moment et non son entièreté. Ringer ne prend un temps pour nous montrer comment la chaise roulant embarque ou débarque de la chaloupe, cela alourdirait inutilement le récit et l’enjeu n’est pas là. L’efficacité pour arriver du point A au point B l’emporte sur l’aspect vraisemblable d’une situation. 

Cela donne au film un caractère immensément humaniste. Il permet de montrer un personnage handicapé sans tomber dans le misérabiliste. L’handicape de Maggie n’empêche jamais le déroulement des événements, Cathy entraine Maggie dans sa folle aventure sans jamais prendre en considération le handicape de Maggie. Maggie est son amie, elle la voit comme une fillette comme les autres. Finalement, il n’y a que le monde adulte qui voit Maggie comme une handicapé, jamais Cathy. À quelques détails près, le film aurait peu être le même avec des enfants normaux.

Ça nous montre, que finalement les folles ambitions sont les même pour tous, peu importe la mobilité de chacun. 

Laurent

**class!K**

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