Adoré à la dernière Berlinale, Les adieux à la reine est un film important qui ne se concentre pourtant que sur une très courte période de l’histoire. ♥♥♥♥
1789, à l’aube de la révolution, Versailles continue de vivre dans l’insouciance et la désinvolture, loin du tumulte qui gronde à Paris. Quand la nouvelle de la prise de la Bastille arrive à la Cour, le château se vide. Nobles et serviteurs s’enfuient…Mais Sidonie Laborde, jeune lectrice entièrement dévouée à la Reine, ne veut pas croire les bruits qu’elle entend. Protégée par Marie-Antoinette, rien ne peut lui arriver. Elle ignore que ce sont les trois derniers jours qu’elle vit à ses côtés
En suivant Lea Seydoux alias Madame Laborde dans sa dévotion envers Marie Antoinette en 1789, Benoit Jacquot entraine le spectateur dans la même fascination. C’est donc à travers les yeux d’une ingénue à la cour que le cinéaste brosse le portrait de fin de règne de la reine…Fort heureusement, le spectateur lambda n’est point historien et le film réserve donc son lot de surprises…surtout pour la jeune Sidonie.
Pour sûr, un mot doux ou un effleurement de peau suffisent à provoquer chez elle émerveillement et amour temporaire; sentiment d’autant plus grand qu’il contraste tout à fait avec la tension ambiante palpable en dehors de toute action de la jeune Sidonie. Bien sûr, il vient un moment où Sidonie elle-même finit par réaliser les enjeux. Benoit Jacquot choisit pour cela l’une des plus belles scènes du film pour l’immortaliser : la confrontation entre Noémie Lvovsky (excellente) et elle-même (superbe Lea Seydoux) lorsque cette dernière lui avoue avoir perdu une horloge précieuse : Cadrée visages et émotions, la scène traduit idéalement la tension qui règne à la cour; le texte et le jeu des actrices est divin.
Moins stylisé que le pop-trashy Marie-Antoinette de Sofia Copolla, Benoit Jacquot réhabilite une image de l’icône plus conventionnelle mais bien plus réelle.
La fin superbe constitue le point d’orgue d’un film doux et brillamment réalisé.