Le Sommet des dieux : Toujours plus haut

France, 2021
Note : ★★★ ½

D’abord un roman publié sous forme de feuilleton au milieu des années 1990, adapté par la suite en un célèbre manga au début des années 2000, Le Sommet des dieux devient maintenant un film d’animation.

Les cinq tomes du manga de plus de 300 pages chacun racontent l’histoire d’un photoreporter japonais suivant les traces d’un énigmatique alpiniste dans l’espoir d’éclaircir le mystère de ce qui serait la toute première ascension jusqu’au sommet du mont Everest. Ils sont habilement condensés en un film d’à peine 90 minutes qui ne pâtit pas du tout de la comparaison.

Le scénario de Patrick Imbert et Magali Pouzol, écrit en collaboration avec Jean-Charles Ostoero, conserve la structure en deux trames, le passé et le présent, et les entremêle de manière tout à fait limpide. Ainsi le récit de l’enquête progresse en différentes parties tout en conservant un bon rythme.

Surtout, il permet de développer les enjeux psychologiques propres aux personnages et d’explorer le thème de l’obsession. Car les deux protagonistes sont aux prises avec des passions obsédantes qui guident leur vie, quitte à sacrifier tout autour. Le premier pour son enquête qui devient finalement plus une quête existentielle de sens. Le second, pour l’alpinisme et l’atteinte des sommets les plus inaccessibles, voire d’un absolu tout autant hors de portée.

Presque mystique, le film rend bien le poids de cette obsession sans pouvoir réellement l’expliquer. Et lorsque les personnages dérogent quelque peu de leurs missions, lorsque la mort est si près, pour aider l’autre, ils sauront faire preuve d’humanité.

Cette exploration de l’obsession caractéristique du monde de l’alpinisme n’est pas sans rappeler le documentaire Free Solo qui traitait d’un enjeu semblable il y a quelques années. Pour ce qui est des questionnements philosophiques et de la quête de sens qui sont évoqués, on peut penser à cet autre excellent film d’animation français sorti en 2018, J’ai perdu mon corps, (notre critique ici).

Si le dessin, fidèle au style du manga, ne permet pas une grande expressivité émotive des visages, le jeu de voix des comédiens participe à rendre la profondeur des personnages, si l’on accepte évidemment que les personnages japonais s’expriment avec des voix françaises.

La qualité de l’animation se trouve davantage ailleurs. D’abord dans les détails de la vie japonaise, dessinés avec minutie. Ensuite, et c’est encore plus frappant, dans la description détaillée du monde de l’alpinisme. On remarque dans le trait une attention précise et rigoureuse à l’équipement d’escalade qui témoigne d’une connaissance et d’un respect de la discipline. Les scènes d’ascension sont d’autant plus crédibles et prenantes. Ensuite, et c’est là probablement le point fort du film, dans la représentation des montagnes, dont l’immensité, la froideur et l’âpreté sont remarquablement bien rendues. Les scènes d’escalades sont haletantes, réalisées de manière experte, avec un suspense soutenu. Et leur décor, majestueux, y est pour beaucoup.

 

Bande-annonce :

Durée : 1h30
Crédit images : Netflix

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