Le monde nous appartient ? Une Mise en abîme stylisée d’un pré-fait divers ♥♥♥½
Une nuit sur un pont…
Un coup de couteau.Il y a Pouga.
Et il y a Julien.
Le film montre le destin parallèle de ces deux jeunes hommes qui se ressemblent sans se connaitre. Ils partagent les mêmes valeurs et un même désir d’absolu.
Ils pourraient être amis.
Et pourtant…
Cela faisait longtemps qu’on attendait la sortie de « Le monde nous appartient » au Québec.
Est-ce le manque du bleu des yeux de Vincent Rottiers, moins présent depuis un an au grand écran ou plus concrètement le caractère hypotonique de la bande annonce ? Toujours est-il que depuis l’annonce de sa sortie dans la belle province, une attente certaine existait.
Et le produit final de Stephan Streker, dont c’est ici le deuxième long-métrage après Michael Blanco, est quasi à hauteur de ses ambitions. Voici un film qui assume sa prétention, son côté flamboyant (depuis la recherche de la photo jusqu’à l’envoutante musique d’Ozark Henry (sans parler des plans au combien recherchés)) ainsi que sa filiation au cinéma de Carax (la mise en abîme du destin de héros perdus et/ou désillusionnés). Dans ce volet, il convient de dire que l’esthétisme recherché touche sa cible et interpelle dès les premières minutes (il faut aussi avouer que la musique incroyable du compositeur susnommé aide beaucoup à installer cette ambiance). La mise en scène est bien entendu complétée par la présence au combien appréciée d’Olivier Gourmet (décidément habitué aux rôles de papas ces derniers temps) mais surtout de Vincent Rottiers en personnage principal et qui semble retrouver la trace de Thomas Jouvet (Je suis heureux que ma mère soit vivante) …
Si des réserves persistent quant à l’interlude « clipesque » au milieu du film, les deux parties ont toutefois le mérite de proposer une signature artistique pour compléter un scénario qui prend pour base deux jeunes égarés dans leur vingtaine, dans leur souhait de dévorer la vie, de faire de l’argent ou de devenir quelqu’un…
Sans jamais toucher à autre chose que son sujet principal, Stephan Streker égare un temps ses personnages ici, un autre là…mais les ramène finalement sur le droit chemin de l’introduction tel un livre qui doit, inéluctablement se refermer.
Toute bonne chose à une fin…