Inequality for all

« Nous faisons les règles de l’économie et on a le pouvoir de changer ces règles. » – ♥♥♥♥

Ancien secrétaire au Travail sous la présidence de Bill Clinton et actuel professeur à l’université Berkeley, Robert Reich soutient avec ferveur depuis toujours que l’accroissement des inégalités salariales constitue l’une des menaces les plus graves pour l’économie et la démocratie. Analysant les origines de cette situation et ses conséquences à court terme, il pointe également les nombreux défis à relever avec cette facilité déconcertante qui lui est propre : celle de rendre accessible à tous des principes d’une grande complexité.

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Secrétaire au Travail sous la présidence de Bill Clinton (1992-1997), ancien professeur de l’université Harvard et actuel professeur à l’université de Berkeley, Robert Reich est au coeur des débats enflammés sur l’économie américaine et les orientations politiques à adopter pour (re)mettre le peuple au centre des attentions du pouvoir. Le nouveau film de Jacob Kornbluth lui donne une tribune magistrale pour vulgariser ses théories socio-économiques. À la manière de Michael Moore (The big one, SiCKO, Capitalism: a love story) ou d’Al Gore (Une vérité qui dérange), il s’agit ici de secouer les États-Unis sur ses fondements et d’amener le public à remettre en cause ses idées, souvent préconçues. Au travers d’extraits de cours à Berkeley, de discussions avec des ouvriers, d’archives vidéos et de séquences animées donnant des explications plus générales (avec graphiques et chiffres), ce film nous montre la faillite du système capitaliste américain actuel. Toujours très accessible, il questionne l’organisation de notre société en donnant des exemples très concrets de l’illogisme du à ce fonctionnement (avec les I-phones ou Amazon par exemple) et revient sur de nombreuses fausses idées (les États-Unis comme la terre d’élection de l’ascension sociale par exemple).

Avec une argumentation imparable, nous sont ainsi exposées les failles d’un système politique qui ne peut se réguler dans son fonctionnement actuel, avec la place accordée aux lobbyistes qui font et défont les sénateurs et le manque de courage des politiques. De même, le problème majeur auquel a à répondre l’économie américaine aujourd’hui est la place des classes moyennes, qui maintiennent le bon état de l’économie via la consommation, mais qui sont les plus touchées par la crise économique, les bulles spéculatives écrasant chaque jour un peu plus les catégories les moins favorisées. On voit la portée très actuelle du documentaire, qui veut peser dans le débat sur la taxation des hauts revenus en montrant notamment que les riches (1% de la population US gagne plus de 380 000 $ US/ an) ne participent pas à cette économie (relativement à leur importance économique), ne dépensant pas ce qu’ils gagnent mais l’épargnant (Warren Buffet a ainsi appelé à cette réforme en dénonçant cette situation). On pourrait voir Robert Reich comme très subjectif, ayant été partie prenante de l’administration Clinton, mais il prend ses distances en évoquant sa mise à l’écart progressive, l’abandon de nombreuses promesses de son programme sensées favoriser les classes moyennes et finalement l’échec de la politique démocrate sociale de l’époque.

Alors on peut certes regretter quelques effets de style un peu faciles (ralentis, musique lancinante…) mais le but de ce film est clair, à savoir amener le public à réfléchir et à réagir, en faisant appel à ses émotions comme à son intellect. Un des intérêts de ce film est aussi de montrer, arguments irréfutables à l’appui, que quand on entre dans le sujet de l’économie réelle, concrète, les labels de démocrates, conservateurs ou libéraux n’ont plus de sens, comme il le dit à ses étudiants de Berkeley : « testez vos hypothèses, bousculez les pour interroger la manière dont  le système fonctionne ! » Le documentaire en fait de même en se concluant par un : « Le film est fini, mais le travail commence maintenant, êtes-vous prêts à agir ? »

Grand Prix du Jury dans la catégorie des documentaires au Festival du Film de Sundance 2013.

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