Le conte de la princesse Kaguya

Dernier chef d’oeuvre d’un studio mythique – ♥♥♥♥

Kaguya, « la princesse lumineuse », est découverte dans la tige d’un bambou par des paysans. Elle devient très vite une magnifique jeune femme que les plus grands princes convoitent : ceux-ci vont devoir relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main.

Le conte de la princesse Kaguya_affiche

En adaptant le conte traditionnel du coupeur de bambous, Isao Takahata fait un écho inversé à la dernière oeuvre de son comparse du studio Ghibli, Hayao Miyazaki. Lui qui était surtout connu pour son chef d’oeuvre poignant et ultra-réaliste Le tombeau des lucioles, clôt sa carrière avec cette fable poétique légère et marquée par le temps qui passe et nous échappe. Miyazaki avait pour sa part mit le point final à son oeuvre en se détachant du fantastique pour dresser le portrait de l’énigmatique inventeur du chasseur zéro avec Le vent se lève. Les carrières croisées de ces deux artistes sont parsemées de chefs d’oeuvres emblématiques du cinéma d’animation contemporain. Elles prennent donc fin avec le studio qu’ils auront cofondé et ne manqueront pas de laisser un vide durable dans la culture nippone.

Superbement et sobrement mis en musique par le fidèle Joe Hisaishi, Takahata adapte librement un des contes les plus connus et les plus touchants de la culture japonaise. La princesse Kaguya, élevée amoureusement par un couple de paysans, grandit parmi les humains, avant que sa nature divine ne la rattrape. On pense ici évidemment à Ponyo sur la falaise, que proposait déjà Miyazaki sur un thème semblable, mais ici, tout est traité avec une feinte légèreté. La simplicité des graphismes, l’épure du crayonné et de la mise en couleur se rapproche des estampes traditionnelles, mais elles servent aussi à renforcer l’attention portée aux personnages et à leurs sentiments contrariés. Ainsi, quand Kaguya s’enfuit, apeurée et déprimée, le trait devient encore plus grossier, comme griffonné rageusement pour exprimer visuellement l’état d’âme intérieur de la princesse. En mettant en image ce conte, Takahata dévoile aussi la culture traditionnelle ancestrale, ses rites, ses usages et les cadres sociaux infranchissables. C’est en cela qu’il prend ses libertés avec l’adaptation, en faisant de sa princesse une icône maîtrisant parfaitement les codes de l’aristocratie, mais se posant encore plus vivement comme un symbole iconoclaste : éprise de liberté, elle refuse les cadres préétablis qu’on lui impose, qu’ils soient sociaux, voire divins.

Petits et grands seront émerveillés et chamboulés par Le conte de la princesse Kaguya, mais soyez avertis : Ghibli est certes distribué par Disney, le studio ne s’est pas pour autant rangé en adepte des histoires qui finissent bien.

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