Cinéma d’auteur : Quel avenir pour les salles montréalaises ?

Après le Cinéma Excentris c’est un nouveau cinéma (celui-ci au stade de projet) qui se retrouve sur la sellette en cette fin 2015. En effet, Sylvain Raymond, collaborateur du festival SPASM, vient d’annoncer sur les réseaux sociaux ne pas avoir trouvé de financement suffisant pour mener à bien son projet de cinéma multidisciplinaire dans la petite Italie. Avec quelques acolytes passionnés, il a dit ne pas avoir réussi à obtenir une aide suffisante au financement ni à la ville, ni à Québec ou à Ottawa…

Se pose désormais la question de leur plan d’affaires puisqu’ils annoncèrent avoir un montage complet estimé à quelques 4 millions de dollars…. Est-ce vraiment raisonnable dans un secteur (la culture) qui, on le sait, dispose de moins en moins de ressources ?

Cinéma d’auteur au Québec: Quel avenir pour les salles montréalaises ?

Cela m’amène à une réflexion que j’avais déjà entamé au moment de la fermeture des portes de l’Excentris …sans trop vouloir continuer par manque d’éléments probants afin de bien finaliser mon analyse.

Toutefois, ce n’est plus le cas aujourd’hui et je peux désormais faire une comparaison avec un cinéma de quartier que je connais puisque ma mère y est bénévole : celui de Condé sur Noireau en France. Il y a de cela quelques années, le cinéma avait dû fermer ses portes, la faute à un chiffre d’affaires insuffisant pour fonctionner….

Il y a de cela maintenant 2 ans, le cinéma a réouvert non pas sous forme commerciale mais bien sous forme associative et composé pour tous les membres, de passionnés bénévoles prêt à aider et à s’impliquer. Au total c’est donc une cinquantaine de bénévoles qui se relaient (chacun s’investissant environ une dizaine d’heures par mois) ainsi qu’une dizaine de projectionnistes pour un cinéma de 3 salles assez semblable à l’Excentris….

La seule aide que le cinéma obtient c’est celle du loyer pris en charge par la mairie.

2015 a vu le chiffre d’affaires du cinéma avoisiner les 80 000 euros et quelques 20 000 entrées….

Cinema_le_royal

Revenons à nos moutons québécois puisque c’est la réflexion que je me fais (et par voie de conséquence sa comparaison).

Deux données me font donc aujourd’hui bondir : 4 millions de dollars pour le financement d’un cinéma dans la petite Italie… et 25 personnes salariées au Cinéma Excentris !

Pourquoi les modèles d’affaires de ces deux (par ailleurs très beaux) projets sont-ils aussi imposants, voir énormes ? Comment cela se justifie t’il ? Est-ce que parce que pour prétendre à certaines aides sociales, il faut forcement justifier de création d’emploi ? Est-ce qu’il parait inconcevable de vouloir réaliser de entrepreneuriat à moindre coût ?

Lorsqu’on sait que le cinéma d’auteur disons moins-commercial n’attire pas forcement les foules, pourquoi se borner à vouloir monter des projets d’une telle ampleur ?

Il est évident que chacun souhaiterait vivre de sa passion, mais dans un secteur devenu de plus en plus délicat, à quoi bon le croire toujours viable ?

art-theatre-petite-italie-ca-credit-maxime-juneaulecc81tat-brutLe C.A. du Théâtre de la Petite-Italie: Michel Quintal (fondateur du Piknic Electronik), Mitch Davis (codirecteur de Fantasia), Benoit Dénommé (planificateur financier à la Banque Nationale), Anthoni Jodoin (propriétaire du bar Nacho Libre), Sylvain Raymond (instigateur du projet), Jarrett Mann (président de SPASM): Crédit photo: Maxime Juneau

J’aimerais grandement avoir accès aux états financiers de l’Excentris…mais de savoir que ce dernier fonctionnait avec 25 personnes pour 3 salles, je me dis qu’il ne faut pas chercher bien loin pour trouver l’erreur…

Combien sont-ils au Du Parc ? Combien sont-ils au Beaubien ?

S’il existe un nombre de passionnés capables de s’investir dans un petit village de France, je doute qu’il soit impossible de mobiliser des gens à Montréal. Ces derniers le sont capable dans des mouvements tels que Kino ou même sur des festivals tels que le FNC ou Cinemania qui fonctionnent avec de nombreux bénévoles…

Pourquoi ne pas imaginer possible de fonctionner de la sorte ?

Parce qu’ils exerceraient une concurrence à des cinémas « commerciaux » capables de survivre en payant ses salariés ?

Dans la culture, les OBNL sont monnaie courante, je crois qu’il faut admettre que fonctionner avec des couts de structure trop élevés n’est plus possible.

Enfin, et c’est fort dommage, l’Amérique du Nord est une économie capitaliste; ses institutions relatives au financement du cinéma permettent rarement à ses films de rentrer dans leurs frais… Quelle économie permettrait à ses financeurs de constamment investir de l’argent dans des projets sans jamais être rentable ? Je pense que, dans le cinéma, nombreux sont ceux qui acceptent ça. Le Québec ne sera jamais Hollywood et (heureusement) ne cherche pas à l’être.

Tout récemment, Charles-Olivier Michaud (Anna) a monté un élan solidaire via les réseaux sociaux et il semblerait que des personnes se soient manifestées pour souligner son appui à une réouverture du cinéma Excentris sous forme de coopérative…Par pitié, étudiez bien votre montage financier car outre la vitalité opérationnelle qu’il faut avoir, il faudra également que la gestion soit optimisée…

Un espoir apparait ?

 

 

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *