Film fantastique qui met en image cette fameuse légende racontée par Honoré Beaugrand, Chasse Galerie est efficace par sa cinématographie ainsi que sa direction artistique, mais perd de son charme par son absence de réflexion sur l’aliénation des bucherons. ♥♥♥
Se déroulant à Lavaltrie en 1888, Chasse Galerie raconte l’histoire de Joe Lebel et de Liza Gilbert qui, malgré le nouveau chantier où est envoyé Joe, malgré l’hiver et le notaire Boisjoli qui rôde autour de Liza, ils tenteront de conserver un amour pas encore officialisé par le mariage. Mais au chantier, les accidents se multiplient, et Joe finit par découvrir le passé du père de Liza, cette rencontre obscur, cette Chasse Galerie, cette damnation.
Chasse Galerie, un conte légèrement désincarné.
Malgré une introduction prometteuse qui nous plonge directement dans les éléments sombres et fantastiques du conte d’Honoré Beaugrand et du pacte avec le diable, l’histoire perd de sa puissance lorsque le triangle amoureux entre Joe (Françis Ducharme), Liza (Caroline Dhavernas) et Romain (Vincent-Guillaume Otis) prend place au coeur du récit. L’histoire est tellement axée sur le dilemme amoureux de Liza qu’on y perd l’intensité des thématiques qui faisait la force du conte original. Les hommes acceptent trop facilement le contrat avec le diable, Jack Murphy, et incarné par le très bon Francois Papineau (seul l’accent anglais un peu inégal accroche l’oreille quelques fois). Le film n’aborde jamais la réflexion que peuvent avoir ces hommes sur la perte de leur âme. Ils acceptent tout bonnement, comme si l’échange ne mettait rien de très important en jeu. C’est plutôt décevant. Le scénariste Guillaume Vigneault (Carnet de naufrage et Chercher le vent, deux formidables livres), décide plutôt de concentrer son histoire sur la vie au Québec au XIXe siècle. Le travail de reconstitution de l’époque est très intéressant. Le film s’articule autours de plusieurs éléments de l’époque qui finissent par dresser un portrait plutôt réaliste des conditions de vie de l’époque. Le film se concentre principalement sur la vie de chantier des bucherons; grosse journées très physiques sous le froid glacial où les seules joies sont la possibilités de fumer du tabac et de boire un peu d’alcool à l’occasion. Cette vision réaliste et se désir de souligner le courage et la ténacité de ces hommes bucherons est vraiment intéressant et réussis presque à contrebalancer le manque au niveau fantastique.
Chasse Galerie, un film de genre.
La cinématographie est très efficace dans son ensemble. Par son choix de cadre, sa lumière et ses quelques mouvements, on réussis à capter l’attention du spectateur tout au long du film. Réalisé par Jean-Philippe Duval (Unité 9 et Dédé à travers les brumes), Chasse-Galerie se présente comme un film fantastique mais par son désir de naturalisme, perds de son effet fantastique. Le film ne réussit donc vraiment jamais à être incarné par un genre cinématographique défini. Il respecte néanmoins les codes du film fantastique/horreur par la présentation lugubre de ce sinistre Jack Murphy, par son ambiance sonore lourde et ponctuée ainsi que par une finale inquiétante qui propose que le pire reste à venir.
Chasse Galerie est un film qui s’avère efficace et qui présente un univers de manière uniforme et complet. Film tout de même léger, au sens où il ne réveille pas de grandes passions en nous, il réussit néanmoins à nous divertir. Tant qu’à voir une merde américaine, j’aime aussi bien voir du cinéma de genre québécois. Il y a quand même quelques plans et quelques scènes qui m’ont réjouies, moi, grand fan de cinéma fantastique!