Portrait intime de la pianiste classique Martha Argerich, pour ne pas dire portrait «trop» intime, filmé par sa fille Stéphanie Argerich.♥♥½
Martha Agerich est considérée comme la meilleure pianiste classique de son époque, parfois même classée parmi les meilleures femmes pianistes de tous les temps. Elle fut un temps en couple avec Stephen Kovacevich, un autre pianiste célèbre, une sommité de l’œuvre pour piano de Beethoven. De leur union est née Stéphanie, devenue documentariste. Pour son premier long métrage, elle filme ses parents, sa mère surtout.
À vouloir être intime, on finit par tomber dans un certain exhibitionnisme. C’est un peu le problème de ce film. Stéphanie Argerich qui par sa filiation avec sa mère a accès à elle à tous moments, tant dans les moments de tracs avant de rentrer sur scène, que dans les séances de pédicures avec elle et ses sœurs.
En jeune âge, Stephanie reçoit une caméra et depuis, elle filme tout, les réunions familiales, les rencontres occasionnelles avec son père durant l’adolescence, les répétitions au violon de sa sœur ainée, les visites de sa grand-mère. Lorsqu’elle donne naissance, l’accouchement fut également filmé. Le film commence ainsi, Martha Agerich est dans debout une chambre d’hôpital, comme toujours, sa légendaire chevelure abondante est légèrement décoiffée, à coté d’elle une jeune femme sur un lit d’hôpital accouche, puis Martha quitte la pièce pour répondre au cellulaire, on comprend que ça doit être son agent, ou du moins quelqu’un proche de la famille mais qui appelle pour des raisons professionnelles. Ça résume à la fois le film et la personnalité de Martha Argerich. Dans un premier temps, la réalisatrice qui décide de nous montrer son propre accouchement nous dit d’entrée de jeu qu’elle a un peu de misère avec faire le partage entre exhibition et portrait intime, mais dans un deuxième temps, ça nous montre aussi qu’une musicienne du calibre de d’Argerich doit faire un choix entre sa famille et sa carrière, et qu’elle choisit de quitter sa fille dans un moment important pour des raisons professionnelles.
Le film bénéficie aussi de la qualité de ses défauts. Avoir un accès privilégié à la star et aux archive visuelles de la famille nous donne accès à des scènes vraiment formidables: les scènes de danse en écoutant Rabbi Jacob, les moments de préparation dans la loge avant les entrées sur scène… le tout est une question de dosage, ce qui n’est malheureusement pas la force de la réalisatrice, il faudrait peut-être mettre ça sur le dos des erreurs d’un premier film ou sur la trop grande proximité de son sujet…