Dans le cadre de la 21e édition des Sommets du cinéma d’animation de Montréal, qui a pris fin le 14 mai, Cinémaniak a visionné 5 films de l’ONF qui y étaient présentés. La programmation riche de cette année incluait 152 films d’animation canadiens. Voici une brève révision des 5 court métrages vu en ordre croissant de préférence.
Sous l’air entrainant de la chanson Complainte pour Ste-Catherine, des soeurs Kate et Anna McGarrigle, une petite fille au béret rouge s’aventure dans le métro de Montréal. Devenant rapidement le théâtre d’un spectacle totalement absurde et rythmé au tempo de la Complainte, la STM est ici peinte comme un capharnaüm de personnages et de situations humoristiques. La réalisatrice américano-canadienne, Janet Perlman, présente dans ce tableau de fiction, la folie, mais aussi la beauté du transport en commun montréalais. C’est une promenade rafraichissante, bien que chaotique, pour le public général, mais un sentiment très familier pour les habitués du métro.
Ce documentaire fait un superbe et original usage de l’animation en collage pour illustrer, par la métaphore, le récit. Réalisé par les Canadiens Kjell Boersma et Thao Lam, l’histoire raconte la fuite du Vietnam vers le Canada par Lam et ses parents lorsqu’elle était jeune. Elle exprime sa mélancolie pour le passé de sa famille en comparant leur détermination et sacrifice à celle des fourmis qui parcourent de grandes distances pour fonder une nouvelle colonie. Une magnifique animation originale qui témoigne d’une précieuse histoire familiale qui n’attendait que d’être racontée.
La réalisatrice et illustratrice québécoise Janice Nadeau adapte ce court métrage du roman graphique du même nom qu’elle a coécrit avec Hervé Bouchard en 2009. Si le roman lui a valut le Prix du Gouverneur général du Canada, le court métrage mérite également tous les honneurs pour ce troublant et poignant, mais fascinant, témoignage sur la mort et le deuil. Avec un style d’animation léger qui rappel un peu celui de Frédéric Back (L’homme qui plantait des arbres), la réalisatrice insère le public dans la perspective unique d’un jeune enfant qui subit le décès d’un proche. Bien qu’une fiction, cette représentation percutante du point de vue d’un enfant qui essaie de comprendre et de justifier la mort, est un sentiment que plusieurs ont malheureusement réellement vécu.
Dans cette fiction absurde et hors de l’ordinaire, les réalisatrices canadiennes Alicia Eisen et Sophie Jarvis mettent en place un court récit sur les thématiques fortes de la peur, de l’isolement et de l’accumulation. Par une belle animation image par image, le film semble suivre le personnage de Zeb dans son quotidien tumultueux. Un jour, en laissant entrer une araignée dans son logis, la vie solitaire et abandonnée du personnage sera complètement chamboulée. Bien que parfois ambigu, ce court métrage dépourvu de dialogues laisse parfois sur sa faim et certaines scènes sont difficile à saisir. Toutefois, un sentiment d’excès, en appréciant les détails des objets récupérés aux poubelles qui meublent le logis de Zeb, se fait souvent ressentir, qu’il soit prévu ou non. La situation du personnage rappelle également les symptômes d’une personne agoraphobe ou qui a des troubles de panique. Une intéressante perspective jumelée à une animation de talent.
Dans une ville futuriste, une jeune femme raconte son histoire qui tourne autour du souvenir d’une pomme. En utilisant le bas-relief, une technique très peu commune aujourd’hui dans les films d’animation, le réalisateur Bahram Javahery arrive à capturer dans la matière ces moments de sa mémoire qui reprennent vie par le médium. Un récit de tragédie, d’amour, de culture et de traditions, ce court métrage est souvent surchargé visuellement, nuisant au développement et à l’application narrative des thèmes abordés. Two Apples mérite tout de même le détour, pour le sujet de son intrigue et surtout la maitrise du médium, qui lui permet d’illustrer des objets et des événements qu’il aurait été beaucoup plus difficile à montrer dans un autre médium.
*Une mention spéciale au court métrage The Flying Sailor, qui faisait partie de la programmation des Sommets du cinéma d’animation de Montréal, dont nous avons déjà fait la révision ici.
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Crédit photos : Sommets du cinéma d’animation de Montréal et Office national du film du Canada
Bon cinéma!
Lire ici notre compilation des films de la 20e édition des Sommets du cinéma d’animation de Montréal.