« An Eye for an Eye » Ou la difficulté de vivre avec le principe de la loi du Talion. ♥♥½
Il n’y a rien de plus important pour Kyle que la famille. Déjà en bas âge, il défendait son jeune frère à l’école. En vieillissant, il était normal de protéger le pays contre les menaces extérieures. Membre d’un prestigieux commando de la marine américaine, Kyle est devenu un tireur d’élite légendaire, sauvant ses camarades d’une mort certaine, faisant trembler ses ennemis. Un être inébranlable qui se transforme du tout au tout lorsqu’il revient chez lui. Hanté par les combats, il prend des décisions discutables, se persuadant ne pas être un bon père et un bon époux.
Écrit par Jason Hall, American Sniper dépeint la guerre en Irak au travers des yeux de Chris Kyle, héro de l’armée américaine pour avoir survécu à quatre incursions en terre Irakienne (et aussi avoir tué 160 personnes) et d’être toujours revenu vivant et entier (Le film insiste d’ailleurs plus sur la perte de ses membres que de sa vie).
Lorsque Clint Eastwood choisit de s’intéresser à la guerre, il décide surtout d’évoquer la loi du Talion face aux questionnements personnels et exacerbés du patriotisme US. Pour immortaliser son héros, il choisit Bradley Cooper qui réussit à interpréter un sniper ni très intelligent, ni vraiment bête et dont le physique bestial s’accorde bien avec le personnage; On est en effet à mille lieux du séducteur de Hangover mais on sent aussi que Cooper voulait se film pour continuer à casser son image.
Le film ose souvent; Il se permet de comparer l’acte de tuer avec les jeux vidéo tout en conservant le sentiment antagoniste du personnage principal qu’on sent tiraillé avec de gros soucis psychologiques. On sent que le réalisateur souhaitait traiter de la morale, à l’image de cette première scène intense, de la difficulté de vivre avec les choix à faire en tant que soldat. Malheureusement le film perd son intensité et peut-être aussi son but de départ…. en semblant vouloir contenter tout le monde. Résultat, nombreux sont ceux qui ressentent dans American Sniper des excès de patriotisme et une glorification de la guerre.
Pourtant Clint Eastwood affirme sans ambiguïté son opposition à la guerre en Irak, évoquant en décembre dernier « l’arrogance de vouloir entrer en guerre sans même se poser la question de sa justification, ni des conséquences tragiques qu’elle aurait pour tant de monde ». Il rappelle également qu’il avait grandi pendant la Seconde Guerre Mondiale, dans l’espoir qu’elle « finirait toutes les guerres ».
Ce qui peut sans doute déranger le public qui crie à la propagande, c’est qu’à aucun moment il ne se permet critique…. Eastwood choisit de présenter les faits, les histoires racistes et idiotes des soldats (à l’image du livre dont est inspiré le film) mais espère aussi que la détresse et la psychologie de son personnage seront traduites par les yeux de Bradley Cooper.
Malheureusement, à aucun moment ses derniers ne sont suffisamment forts et le film finit par n’être qu’antagoniste. Même si le film ne dispose que deux ou trois scènes vraiment difficiles, et n’en déplaise à Michael Moore, American Sniper ne fait pas l’apologie de la guerre. Mais il ne parvient pas non plus à élever pour rassembler les peuples.