Xavier Dolan, l’enfant prodige !
Après ses deux sélections à Cannes en catégorie Un certain regard et à la Quinzaine
Après son prix du jury en compétition officielle et son succès incroyable dans les pays francophones.
Après avoir été membre du jury en 2015 sous la présidence des frères Coen puis de nouveau sélectionné en 2016 avec Juste la fin du monde….
Une chose est sûre, on n’a pas fini d’en entendre parler !
Après avoir dit tout le bien que l’on pensait de J’ai tué ma mère et des Amours imaginaires, nous avions fait part de nos réserves quant à son troisième opus (Laurence Anyways) qu’on avait jugé trop long et étions positivement divisés pour Tom à la ferme. Certains étaient déçus de ne plus voir le style Dolan quand d’autres appréciaient clairement ce changement de style.
Personnellement amoureux des textes de Michel-Marc Bouchard, j’avais été déçu de ne pas retrouver l’essence des dialogues si importants à la pièce de théâtre.
Pour autant, ces deux films moins brillants étaient loin des « ratages » et il convenait de souligner à la fois les risques que prenait le jeune réalisateur mais également le talent qui le caractérise, que ce soit dans la réalisation (Les Amours Imaginaires est très habilement mis-en scène), dans l’écriture (au cinéma pour J’ai tué ma mère mais également dans de nombreux articles publiés par Dolan , dans le montage (Habile travail effectué pour son amie Monia Chokri sur Quelqu’un d’extraordinaire) et dans la créativité.
Mais comme le soulignent plusieurs professionnels du milieu actuellement (ceux qui osent en fait la critique au risque de clairement se faire désavouer), Xavier pense peut-être trop pouvoir œuvrer tout seul… Montage sans aucune prise de recul pour Laurence Anyways, cumul des mandats (et donc des postes) sur ses propres films… Beaucoup reprochent à Dolan de trop savoir ce qu’il souhaite faire.
En outre, certains médias lui reprochent son manque de franchise lorsqu’il avoue ne pas disposer d’une culture cinématographique importante. Quand ce dernier assure avoir été marqué par Titanic et autres films plutôt enfants, il se désavoue d’une déclaration d’amour à Jane Campion quelques semaines plus tard: « Quand Mommy a gagné le Prix du jury à Cannes, il a remercié en larme la présidente Jane Campion en lui disant que « peu de films avaient changé sa vie autant que La leçon de piano l’avait fait..* » Le magazine Entertainement Weekly avance même qu’il a »saoulé » le tout Hollywood assurant qu’il est aujourd’hui une « meilleure personne » ce à quoi Jake Gyllenhall aurait rétorqué : « tu ne l’es pas Xavier ». »
Si l’on souhaite regarder plus loin que ces déclarations, on pourra sans doute reprocher au jeune québecois d’avouer qu’il se masturbe devant le beau Jake dans le magazine Tétu… A accorder trop d’importance à sa personnalité, il en était considéré trop narcissique pour son jeune âge.
Aujourd’hui, Xavier Dolan inspire de nombreux jeunes que cela soit au Québec ou ailleurs et ce n’est que justice… Il a su, dès son premier film, capter une attention, un auditoire qui en fait un des artistes les plus respectés et nombreux louent son génie pour son jeune âge.
Bien sûr, il divise aussi même auprès de ses plus grands fans (suivez-mon regard) mais après tout n’est-ce pas le devoir de l’artiste ?
Aujourd’hui on sait qu’il a motivé Jessica Chastain pour son prochain long métrage (The Death and Life of John F.Donovan) qu’il veut « hollywoodien »; Mais attention, pas à la façon de Denis Villeneuve (Prisoners) ou Jean-Marc Vallée (Dallas Buyers Club) qui « étaient tout de même des commandes* » … mais avec un scénario original ce qui lui valut, il y a deux ans de trouver porte close auprès de bien des institutions américaines. Heureusement, le buzz créé par Mommy depuis le prix du Jury à Cannes semble lui avoir rendu l’espoir. La Grande Jessica tout d’abord, avec qui il échangea une série de messages twitter assez surréels sur la croisette et qui annonçait à l’époque qu’il n’y avait pas assez de personnages féminins dans les films américain… Mais également, on s’en doute, avec des co-producteurs intéressés (40 millions de dollars, c’est vrai qu’il va falloir les trouver)
Le 22 mai 2016 et après avoir été chahuté par la presse pendant 4 jours, Xavier Dolan reçoit le Grand Prix du Jury pour Juste la fin du monde, un prix assez inespéré quand on sait combien la presse américaine avait descendu son film. Fort heureusement, la presse européenne était bien plus positive. Le jury du festival a statué et écarté plusieurs « favoris » pour les prix les plus prestigieux (Jarmusch et Verhoeven notamment).
Xavier Dolan dans la cour des grands !
*Entertainment Weekly