Une Exploration du Monde de l’Étrange lors de la 27e édition du Festival Fantasia

Axé sur le fantastique, la science-fiction, le gore et l’horreur, la 27e édition du festival international de films Fantasia s’est déroulée du 20 juillet au 9 août dernier. En offrant une impressionnante programmation de longs et courts-métrages en provenance de partout à travers le globe, il fut difficile de savoir où donner de la tête! J’ai eu la chance d’assister à quelques séances afin d’en documenter leurs contenus.

 

LONGS-MÉTRAGES

Les Chambres Rouges (2023) – Pascal Plante *****

C’est avec beaucoup de hâte que Les Chambres Rouges, le troisième long-métrage de Pascal Plante, a marqué l’ouverture du festival. Entourant l’obsession obscure de Kelly-Anne (Juliette Gariépy) et de Clémentine (Laurie Babin) sur le procès de Ludovic Chevalier, accusé du meurtre de trois jeunes filles dans le quartier de Rosemont. Le film s’intéresse à l’engouement autour du True Crime depuis un angle nouveau et saisissant. En mettant en son centre la complexe protagoniste Kelly-Anne, mannequin et pirate informatique, le spectateur est soudé à l’écran dans l’espoir de percer le mystère derrière son intérêt déplacé pour le tueur en plus d’être hypnotisé par la performance magnétique de Juliette Gariépy. Plante laisse place à l’imagination quant aux scènes de violence et de torture qui ne sont jamais montrées à l’écran : une pudeur appréciée qui contribue à l’aura mystérieusement dérangeante de son film. Les Chambres Rouges est une œuvre qui vous marquera jusqu’au fond du ventre, et ce, même plusieurs jours après son visionnement.

Emptiness (2023) – Onur Karaman, Québec **1/2

Emptiness est un drame empruntant des tons d’horreur qui tourmente par l’incongruité de son narratif décousu, mais représentatif de l’état psychologique de sa protagoniste Suzanne (Stéphanie Breton), qui sombre dans une panique graduelle lorsqu’elle est témoin d’évènements mystérieux dans sa maison de campagne. Accompagnée par deux autres femmes, Linda (Julie Trépanier) et Nicole (Anana Rydvald), Suzanne se verra complètement déboussolée et en perte de repères tout comme le spectateur, transporté dans une longue torpeur de confusion. Karaman fait une proposition audacieuse, mais plutôt étourdissante, autour du thème de la perte cognitive et de l’impuissance qui s’en découle. La cinématographie bien maîtrisée et le traitement mélancolique de l’image en noir et blanc viennent élever d’un cran cette œuvre expérimentale.

With Love and a Major Organ (2023) – Kim Albright, Canada *** 1/2

Libre et vibrante, Anabel (Anna Maguire) est une artiste sensible qui tente de naviguer dans un monde où les connexions humaines et l’expression des émotions se font de plus en plus rares, supprimées par l’omniprésence de la technologie. En rencontrant George (Hamza Haq), un homme rationnel et droit, elle lui offrira littéralement son cœur en cadeau. Avec une trame narrative tissée dans une poésie sur l’amour qu’on porte et l’amour qu’on donne, With Love and a Major Organ est un film touchant avec des performances honnêtes. Malgré un visuel brouillon, Kim Albright frappe fort avec ce premier long-métrage qui allie la science-fiction, le drame et une touche de comédie.

My Animal (2023) – Jacqueline Castel, Canada ****

Dans une petite ville canadienne enneigée en 1980, Heather (Bobbi Salvör Menuez) rêve de jouer au hockey comme gardienne de but et d’être une adolescente normale. Sous la lueur de chaque pleine lune, elle se voit plutôt changer de peau pour incarner celle d’une louve-garelle avide de sang. My Animal reprend la formule classique du coming of age traitant des premiers amours, des changements physiques et des questionnements existentiels depuis une perspective queer. La métaphore de la transformation qui fait écho au sentiment de différence ressenti par la communauté queer dans un milieu fermé d’esprit est intéressante malgré des performances légèrement clichées. My Animal tient toutefois sa force dans son traitement artistique de la lumière et sa trame sonore originale composée pour l’occasion.

Satan Wants You (2023) – Steve J. Adams, Sean Horlor ****

Satan Wants You documente une parcelle de la « panique satanique », un mouvement de psychose collective où la population craignait les cultes de Satan vers 1980 aux États-Unis. En portant un important accent sur le livre “Michelle Remembers, considéré comme un élément déclencheur de la terreur satanique, le documentaire réussit à captiver par son enquête méthodique sur la vie de ladite Michelle Smith et son thérapeute Lawrence Pazder. À la recherche d’une vérité rationnelle derrière cette histoire, Satan Wants You excelle par sa structure traditionnelle qui entremêle des entrevues pertinentes avec des proches et des experts ainsi que du « found footage » fascinant.

COURTS-MÉTRAGES

Out of my Skin (2023) – Hannah Fortin, Québec ****

Lily (Megan Jonker) donne rendez-vous à son ex-copain (Ian Astorquiza) afin de lui démontrer qu’elle est enfin devenue « la femme parfaite » pour lui, grâce aux conseils empruntés de magazines féminins populaires. Une surprise sanglante l’attendra. Ce court-métrage rythmé aux mouvements de caméra magnétiques intègre l’humour, l’horreur en plus d’un commentaire féministe intelligent.

Parasomnie (2023) – Simon Girard, Québec ****

Philippe (Xavier Loyer), coincé dans son corps et impuissant, assiste aux bizarres manifestations qui se déroulent devant lui. Parasomnie est une représentation terrifiante de la paralysie du sommeil qui surprend par sa grande qualité d’effets spéciaux psychédéliques qui vous donneront la chair de poule.

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Crédit photos : Festival international de films : Fantasia

Bon cinéma!

Lire ici notre compilation des films de la 26e édition du festival Fantasia

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