Un casse-tête à la réalisation (partie 2)

Deuxième article d’un dossier sur les changements que la crise sanitaire a imposés sur les plateaux de tournage.

Mars 2020, le Québec se met sur pause. Pendant trois mois, tout est à l’arrêt. Télétravail et confinement sont les deux mots d’ordres. Dans le milieu cinématographique, le travail n’en devient que plus demandant. La production a ses contraintes, certes. Mais imaginez le travail avant et après le tournage.

 

Les défis de la préparation

Pour Lawrence Côté-Collins, c’est la préparation de son film Deux par quatre, qui en a subi le plus grand impact. « Nous on a commencé la préproduction, tout était fermé. Les trois premières semaines de préparations se sont juste passées sur Amazon. » nous explique-t-elle. Tous les commerces étaient fermés pendant la période où l’équipe de décor et d’accessoires a dû acheter ce qui était nécessairement au tournage. « Tout a débloqué une semaine avant le tournage. Donc quand on a commencé à tourner, il manquait encore plein de choses. » ajoute-t-elle, expliquant que certains éléments arrivaient parfois la journée même de leur utilisation.

Comme le film était tourné en studio, la construction des décors fut également un défi. Une pénurie de matériaux força la production à user d’imagination. C’est donc vers les particuliers vendant sur les sites de petites annonces que se tourna la cinéaste et son équipe pour terminer la construction de ses décors.

Montage sonore à distance

Miryam Bouchard, réalisatrice du film Mon cirque à moi ainsi que de plusieurs téléséries bien connues ( L’Échappée, M’entends-tu? saison 1, Mon ex à moi), a également connu quelques défis pendant ces mois de confinement. Son film en était alors à l’étape du montage sonore, moment où la production et les acteurs se retrouvent en studio d’enregistrement pour préparer les bruits et le doublage nécessaire au montage. Mais à un moment où tous sont confinés chacun de leur côté, cette étape s’est avérée plus complexe qu’en temps normal.

« J’ai descendu la liste des sons qu’on avait besoin. J’ai fait ça avec ma fille, j’en ai fait; on a fait ça dans la maison, dans la cour, sur la rue. Le concepteur sonore a fait la même chose chez lui. Pour essayer de faire notre montage sonore en étant autonome. » explique-t-elle. Pour la partie doublage, les mesures en place à ce moment faisaient en sorte que la réalisatrice ne pouvait être sur place. Le groupe habituellement regroupé pour l’enregistrement était alors séparé en trois. Certains étaient en ligne… avec les délais que ça implique. « C’était très compliqué. » avoue Miryam Bouchard.

Beaucoup d’adaptation

Dans ces deux cas, la production a pu se faire ou se poursuivre grâce au financement de la SODEC. Mais pour ceux qui ne pouvaient s’adapter à la pandémie, les bourses qui leur étaient destinées furent annulées et les démarches durent être reprises à zéro pour une nouvelle demande. « La SODEC a des années fiscales. Quand elle nous a débloqué l’argent au mois d’octobre, il fallait que le film soit fini de tourner au mois de mars. » ajoute Lawrence Côté-Collins.

Pour se faire, il fallait une adaptation pour bien des scénarios. « On a transformé notre film en huis clos en studio. On a eu beaucoup de souplesse et on a adapté le projet. » continue-t-elle. « Je n’exagère pas quand je dis qu’on a possiblement retouché 40% du scénario. » De toutes ces modifications, il y avait bien entendu le contenu des scènes, mais également un changement dans les lieux et dans la relation entre les personnages, surtout les principaux.

Miryam Bouchard, de son côté avait un projet de film qui demandait beaucoup de liberté. Les contraintes de la santé publique pour les tournages l’empêchaient d’intégrer plusieurs éléments. La réécriture aurait été trop longue, au moins 50% du texte à retoucher. Elle a donc dû mettre le tout sur la glace en attendant des assouplissements.

Malgré tout, elle reste positive sur ce qui s’en vient dans le milieu. « Tranquillement, la vie va reprendre son cours sur les plateaux de tournage. Il faut rester ouvert. On est bon pour s’adapter au Québec. On a recommencé à tourner vite. On a été super créatif. »

 

Crédits photos :
Photo de couverture Lawrence Côté-Collins (au centre) sur le plateau de Deux par Quatre. Crédit : Karl Jessy.
Portrait de Lawrence Côté-Collins : Coop Vidéo
Plateau de tournage de M’entends-tu? : Télé-Québec

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