Situé entièrement dans un hôpital du sud de la Chine, Three retrace une très mauvaise journée au travail, en particulier pour une chirurgienne et un policier — deux tiers de la distribution principale qui justifie le titre du film. Des trois personnages, seul le bandit semble avoir un bon moment dans cette hécatombe jubilatoire. ♥♥♥½
Et il a une balle dans le cerveau…
Voilà la configuration délicieusement perverse pour le 56e film du réalisateur hongkongais Johnnie To. Three rejoint les suspenses sombrement humoristiques du cinéaste tels que Triad Election (2006) et Drug War (2012). La praticienne (Zhao Wei), sévère sur elle-même, broie du noir à cause de deux opérations qui lui ont échappé alors qu’un policier austère (Louis Koo) arrive avec un criminel inconscient (Wallace Chung). Elle veut précipiter le loubard dans la chirurgie, mais son patient se réveille juste à temps pour refuser l’autorisation de l’opération. Au lieu de cela, il choisit de rester dans la salle d’hôpital, où ses complices auront plus de facilité à le libérer des autorités que s’il était en convalescence derrière les barreaux.
Three: Johnnie To à son meilleur
Le réalisateur comble soigneusement les trous narratifs de la prémisse de départ, car il présente petit à petit les acteurs de soutien, qui alimentent la comédie ou la menace (et parfois les deux en même temps). Le flic prévoit masquer le fait que le plan diabolique du voyou est inexact tandis que le docteur espère se racheter en enlevant la balle de fusil qui pourrait sauver la vie du méchant. Le malicieux gangster manipule les deux individus habilement tout en citant des études psychologiques et la philosophie de Bertrand Russell. Des clés, des fusils et des flacons de médicaments sont palmés adroitement comme des accessoires dans un tour de magie.
Dans la première heure du film, tout le sang est d’ordre médical. Ensuite, le réalisateur met en scène une fusillade grandiose, principalement tournée en slo-mo, qui est malencontreusement plus maladroit qu’épique. Malgré ce faux pas, Three est singulièrement divertissant, mais surtout mémorable par sa mise en scène déjantée.
Cette critique a été écrite dans le cadre du Festival International de films de Fantasia.