Iñárritu revient à la vie “naturelle” avec The Revenant porté par un Di Caprio au sommet . ♥♥♥♥
Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur expérimenté est sauvagement attaqué par un ours. Deux hommes sont alors dédiés à sa protection en échange d’un tribu non-négligeable : Le jeune Jim Bridger et John Fitzgerald interprété par un Tom Hardy méconnaissable. Plutôt intéressé par l’enjeu monétaire que son ancien ami, Fitzgerald laissera Glass pour mort…sans savoir que ce dernier pourtant à l’agonie fera tout pour survivre malgré la nature hostile, un hiver brutal et la mort toujours proche.
Un an à peine après la sortie de Birdman, Alejandro González Inárritu, adapte un roman de Michael Punke se centrant sur Hugh Glass, trappeur soudainement attaqué par un ours dans une scène mémorable qui restera sans doute à la postérité (tant son réalisme devrait en faire frémir plus d’un) !
Déjà, on ne parle que de Leonardo di Caprio depuis le visionnement de la bande annonce; comme de son rôle à oscar (enfin !) tellement il semble habiter son personnage. En outre un tournage de neuf mois n’est pas non plus monnaie courante aujourd’hui pour des acteurs mais le réalisateur mexicain et son DOP (Emmanuel Lubezki) insistaient pour ne tourner qu’à lumière réelle et dans des décors parfaitement sélectionnés (l’Argentine et le Canada).
Alors forcément le cadre et la photo sont superbes. Au-delà de l’histoire, le long métrage s’apprécie vraiment comme une œuvre graphique de très belle facture. Mais au-delà de cet aspect (non négligeable), The Revenant est-il le film qui devrait tout rafler sur son passage comme l’avait fait Birdman l’an dernier à la même époque ? La réponse n’est pas certaine.
Que la thématique vous rejoigne ou non, il faut avouer que le film a vite fait de vous embarquer dès les premières minutes par un savant dosage d’art et de maestria de réalisation. Bien souvent, on se dit : « Mais comment fait-il pour réussir de tels plans » ? Comment fait-il pour filmer un homme à cheval qui tombe d’une falaise ? Comment fait-il pour diriger un ours dans une bataille sanglante avec le plus célèbre acteur vivant actuel ? Comment fait-il pour filmer le microscopique et le fond naturel en même temps ?
Autant de prouesses techniques et de réalisation qui font de The Revenant un film incroyable.Comme d’habitude, le réalisateur mexicain montre plus avec sa réalisation qu’il ne réussit à s’effacer derrière son récit (Mégalomanie quand tu nous tiens); Le film sera prétentieux, il faudra l’accepter !
Si Birdman avait un côté démonstratif un peu irritant (voir critique), The Revenant est tout aussi magistral mais il procure un niveau de spectaculaire que réussissait moins Birdman. Comme annoncé, Di Caprio tient le film sur ses épaules. On ne voit que lui du début à la fin. Et ce n’est pas la place laissée à Tom Hardy (peut-être un peu trop dans la performance) qui viendra ternir sa performance.
D’ailleurs le comédien a avoué avoir vécu son tournage le plus difficile: « Alejandro Iñárritu avait crée des plans extrêmement complexes avec Lubezki [le directeur de la photographie]… La caméra partait sur une séquence de bataille puis revenait sur un moment intime avec le personnage. Ils avaient tout coordonnés avec beaucoup de précision. Mais quand on est arrivé, les éléments ont pris le dessus… Un jour on essayait de tourner une scène et il faisait moins 40 donc les engrenages de la caméra ne fonctionnaient plus. Et puis deux fois pendant le tournage deux mètres de neige ont fondu en cinq heures et on a eu plusieurs semaines sans neige alors que le film ne se passe que dans la neige. »
Le film tient aussi la meilleure scène de l’année alors qu’une maman ours se défoule sur Di Caprio comme sur un jouet. Elle le prend à son cou, le fait virevolter ici et là dans un moment d’anthologie (rappelant parfois le médiocre Backcountry). Pour la petite histoire, la fox a bien avoué avoir tourné cette scène avec un ours digital; Soupir de soulagement !
Il y a deux films dans le nouvel Iñárritu : Un film d’action rondement mené (on se dit qu’on ira sans doute voir la série des Furious quand le réalisateur mexicain les mettra en scène) et une profonde méditation à la Terrence Malick sur la relation entre l’homme et la nature quant à sa survie. Dans cette partie, le personnage de Glass souffre d’une schizophrénie évidente dont se sert évidemment Iñárritu. C’est aussi la partie la moins facile d’accès avec en outre une réflexion sur le racisme notamment vis-à-vis des natifs américains à des années lumières de la conception romantique qu’on en avait fait avec Dance avec les loups.
Bon ! Le film n’est donc pas aussi facile d’accès qu’on peut l’imaginer. Certes, une horde de fan devrait suivre Di Caprio dans ses péripéties, mais un ensemble de spectateurs devrait toutefois être légèrement frustré par un développement lent et long (deux heures trente) et un film bien plus introspectif que vif.
The Revenant, c’est un peu celui qui revient d’entre les morts. C’est le retour à une certaine revanche (et non pas vengeance) puisqu’en survivant, Glass retrouvera certes son bourreau mais il devra aussi composer avec une chasse de 2000 miles dans la neige (et sérieusement amoché) C’est un film qui est aussi excitant qu’éprouvant tel un morceau de glace coincé dans la peau, telle une flèche coincée dans l’épaule, telle une griffure d’ours dans le bas du dos.
Un film brut, violent et douloureux qui ne laissera personne de marbre.