Wang Bing frappe encore une fois avec Ta’ang, une autre offrande majeure.♥♥♥½
Avec son nouveau film, Ta’ang, présenté au RIDM, Wang Bing plonge sa caméra sur le peuple Ta’ang, minorité situé à cheval sur la Chine et le Myanmar. Réfugié dans les montagnes, chambardé en raisons des conflits et vivant de peine et de misère avec ce qu’ils peuvent trouver, leur survie est un combat quotidien. Sans connaître leur dialogue, Wang Bing s’efface et pénètre doucement dans leur univers singulier avec son approche unique.
Source : Accreds
Comme Bing nous l’a démontré, notamment récemment avec Three Sisters et The Ditch, il est à son meilleur lorsqu’il s’attaque à des sujets inconnus, inédits et tout sauf ordinaire. Il approche son sujet avec un réalisme si frappant et les histoires qu’il nous raconte sont poignantes à un point tel qu’on en vient à se perdre dans le récit et à oublier qu’il s’agit d’un documentaire. Bertolucci disait que tout grand documentaire tend vers la fiction (et que toute grande fiction tend vers le documentaire); Wang Bing applique ce principe à merveille dans Ta’ang tant l’univers qu’il dépeint semble venir d’un autre monde.
Source : Accreds
Chocs formels minimalistes
De dire que Wang Bing n’est pas reconnu pour ses extravagances formelles est une évidence. Toutefois, ce qui est admirable, c’est qu’il se sert de cette retenue pour bouleverser le spectateur à partir de rien. Je pense spontanément à cette scène de discussion autour du feu de camp, tranquille, paisible, et de Wang Bing qui, après un long moment, décide de montrer l’immense feu incontrôlable qui se déroule quelques kilomètres en arrière. Le spectateur est complètement pris par surprise par cette soudaine apparition jusque là hors champs et cette surprise est décuplée par la nonchalance avec laquelle Wang Bing la présente. Lorsque, après une séquence de près d’une heure en soirée, le jour revient à l’écran, le même principe s’applique alors que la réaction est littéralement physique; le spectateur retrouve la lumière! Bing est un habitué de ce genre de procédé, subtile, notamment dans Chronique d’une femme chinoise, où la seule péripétie supra-narrative survient lorsque la personnage principale demande à allumer la lumière et que le film se révèle subitement au spectateur. C’est ce qui fait la beauté du cinéma de Wang Bing; comment il peut surprendre avec des détails et bouleverser avec avec un plan