St-Nickel, nouvelle série franco-ontarienne est une fiction fantaisiste sur l’univers des danseuses nues. Si le résultat n’est pas completement abouti, la série se laisse regarder avec une certaine tendresse. ♥♥♥
Critique
«St-Nickel, c’est l’histoire d’une famille dysfonctionnelle, les Martel, et ça tourne beaucoup autour du travail de Nicole, danseuse nue le soir et mère de famille le jour, explique Noémie Yelle. Elle est appelée à prendre la gérance du club car son patron va tomber malade.»
Si on sent que certaines comédies avancent sur un fil, il en va de même pour bon nombre de longs métrages. Ici, pour sa toute première production, la chaîne Unis se place un défi de taille : Évoquer l’univers du Streep tease dans une petite ville canadienne franco-ontarienne (Sudbury) en faisant sourire voir rire mais en évitant le mauvais goût. Si l’idée d’insérer ici et là un personnage fictif (la vierge Marie en guide spirituelle du personnage de Noémie Yelle) passe plutôt bien, il n’en est pas de même avec toutes les histoires dont certaines sont trop clichés pour intéresser (et rappellent par ailleurs la décevante websérie montréalaise Coming Out)
La série, écrite par Julian Doucet, a été réalisée par Jean-Sébastien Lord encore très à l’aise avec les visions ( Après l’Ange Gardien, le voici capable d’annoncer qu’il a vu La Vierge)
Pourquoi faut-il laisser sa chance à St-Nickel ?
D’abord pour sa direction d’acteurs : Noémie Yelle est très crédible et charismatique dans le personnage principal brillamment secondé par une Isabelle Blais trash et légèrement à contre-emploi (la comédienne interprète une professeure de français accro à la bouteille et à un de ses élèves de 17 ans). Les aventures de ces deux « losers » se suivent avec grand intérêt, l’intrigue d’Isabelle Blais prenant parfois le dessus sur celle de Noémie Yelle.
L’interrogation qualitative de la série vient plutôt de la troisième intrigue, celle du frère ouvertement gay et non-dénué de clichés (l’interprétation de Dany Boudreault est souvent trop grosse et ce qu’on lui donne à manger en terme de dialogue donne souvent un résultat malaisant). Heureusement, au fil des épisodes, la narration s’équilibre et se fait moins grossière. Au contraire même, le spectateur finit par s’attacher véritablement aux personnages.
Alexandre Côté dans le rôle de Philippe
Bien sûr le rythme est un peu lent pour une série sans grosse intrigue (un format court aurait sans doute aidé) et il faut passer au dessus d’un ensemble de caricatures notamment dans la représentation des personnages homosexuels… Mais passés les trois premiers épisodes, la première série produite par Unis tient son niveau d’intérêt. Jean Sébastien Lord, qui avait réussi un coup de maitre il y a deux ans avec l’Ange Gardien (on ne le répétera jamais assez, ce film est magnifique) réussit une série haute en couleur et en hallucinations. Il réussit à rendre attachant sa distribution.
La narration aurait sans doute eu besoin de juste un zeste de douceur afin d’éviter les quelques blagues qui tombent à plat. Un tandem Lord/Robichaud aurait d’ailleurs peut-être donné une série parfaite à la subtile et fantaisiste. Car si St Nickel réussit dans la fantaisie, il faudra revoir Féminin/Féminin pour apprécier la représentation homosexuelle en série.