Spartacus et Cassandra

Même si inégal par moment, un documentaire franc et sensible sur des enfants attachants. ♥♥♥

« À un an, je marchais déjà. À deux ans, je mangeais de la terre. À trois ans, mon père était en prison. À quatre ans, je faisais la manche avec ma soeur. À sept ans, je suis venu en France. » Ainsi parlait Spartacus, enfant rom qui, à 13 ans, a déjà vécu plusieurs vies. Avec sa soeur, Cassandre, 10 ans, il survit de peine et de misère, aux côtés d’un père alcoolique et cabotin et d’une mère qui implore ses enfants de la libérer du joug de son mari. Avec l’aide d’une travailleuse sociale hors-norme, ils apprendront à se détacher de ces parents terribles et à vivre une enfance qu’ils n’ont pas connue. 

Dans un style très franc et direct, le réalisateur Ioanis Nuguet suit ces 2 enfants dans leurs rapports qu’ils ont avec leurs parents, certes aimants, mais visiblement incapables de prendre soin d’eaux, et de Camille, jeune femme de 21 ans qui les as pris sous son aile. À travers les rencontres avec les travailleurs sociaux, juges et autres représentants gouvernementaux, nous voyons ces jeunes enfants roms chamboulés d’un endroit à l’autre sans avoir véritablement d’emprise sur leur destin. Spartacus a appris très tôt à prendre soin de lui (et de son père) et se fait confiance pour évoluer et réussir dans la vie, ce qui donne lui à de savoureuses confrontations avec ces mêmes représentants de l’ordre et du gouvernement. Cassandra, calme et sensible, le complète.

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Amour inconditionnel entre un frère et une soeur, la complémentarité entre les deux êtres est au centre de l’intérêt du documentaire. Cette relation fraternelle entrera en collision avec à peu près tout ce qui compose leur environnement. Le frère et la soeur  réagiront toujours différemment, mais le résultat sera le même; l’impossibilité de prendre le contrôle sur son environnement. La caméra de Nuguet est précise et intrusive, mais inégale par moment. Comme si on refusait, d’être trop pamphlétaire en voulait rester parfois en retrait alors qu’au contraire, le sujet amenait inévitablement une telle approche. On sent un désir d’effacement par moment, et de combat par d’autres, et cette espèce de position entre deux chaises est plus ou moins bien maîtrisée. Il en reste néanmoins une oeuvre qui, si inégale, demeure forte et puissante, principalement grâce à la singularité de Spartacus et de sa soeur.

 

 

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