Six acts (Shesh peamim)

La mauvaise réputation – Israël – Jonathan Gurfinkel – 96 min. – ♥♥

Adolescente naïve, Gili (Sivan Levy) change d’école et est déterminée à améliorer son statut social en fréquentant le mec le plus désiré de sa nouvelle école. Elle est heureuse de cette nouvelle attention, même lorsque son béguin la fait passer à son ami. Mais bientôt, sa réputation la précède, chaque nouvelle rencontre pousse sa limite un peu plus loin et la ligne de consentement commence à s’estomper.

Six_acts

Structuré en six actes où les limites sont toujours repoussées davantage tandis que la tension augmente, ce portrait d’une fille moyenne la montre se faire dévorer par des adolescents débordant de et débordés par leur sexualité. Pour tenter de sortir des clichés sur l’éveil sexuel d’une adolescente, le réalisateur Jonathan Gurfinkel choisit de montrer Gili comme en zone intermédiaire, entre tentative de contrôle de son destin sexuel et victimisation. Il dresse ici un tableau très stéréotypé de l’adolescence actuelle comme une génération virtuelle, où les parents ont démissionné et où ne comptent plus que la consommation, l’image, l’instantané et le plaisir immédiat. L’innocence et la naïveté n’ont plus leur place et elles ne sont que des faiblesses et des fardeaux à abandonner bien vite. En sondant ces thémes, Gurfinkel interroge les idées de consentement, de l’exploitation et de la complicité. Mais à peine entamée, la réflexion est vite laissée en plan pour ne plus  laisser place qu’à l’escalade des abus sur une jeune ingénue. Les personnages masculins sont caricaturaux et très peu étayés, les personnages féminins sont quant à eux plus intéressants, notamment lors de la courte rencontre entre Gili et ses amies, où faux-semblants, réputation, démentis puis assumation d’une vie sexuelle débordante se suivent et se mélangent. Mais plus généralement, le contexte n’est qu’esquissé et la crédibilité de Gili (le seul « personnage » véritable) en pâtit : on ne fait qu’évoquer d’où elle vient, ce qu’elle veut et sa relation à ses parents aurait par exemple mérité plus d’attention. Cela limite la compréhension du personnage et son rapport avec le spectateur. Trop rapide, pas assez posé et approfondi, le film ne semble se contenter que de suivre le calvaire d’une jeune fille, de « la nouvelle » et le manque de crédibilité des situations limite fortement la compassion que l’on devrait ressentir pour Gili. L’autre grande limite du film se fait dans la forme même qu’a choisit le réalisateur : il filme principalement caméra à l’épaule, pour appuyer l’aspect de plongée dans l’intime et d’emportement de Gili dans ce tourbillon où rien n’est plus maîtrisé. La caméra ne l’est plus non plus et on oublie même souvent, dans le fond comme dans la forme, l’idée de faire une mise au point …

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