Premier documentaire à recevoir le Lion d’or de Venise, une œuvre qui pourtant ne trouve jamais son souffle – ♥♥ ½

Point d’ancrage du film, la sacrée « GRA » est en fait la plus grande autoroute italienne, en périphérie de Rome. Le réalisateur Gianfranco Rosi a passé deux ans, au volant de sa minivan, à la rencontre de personnages étonnants qui, d’une manière ou d’une autre, « habitent » l’artère.

Derrière le mouvement perpétuel et anonyme de la Grande Raccordo Anulare (GRA), l’idée d’y révéler sa face cachée et humaine a de quoi être louable. Les ambulanciers, qui amènent souvent des scènes étonnantes, drôles ou touchantes, servent de motif récurrent qui nous rattache à la route et donc permet une certaine cohérence conceptuelle. Mais ces figures sont les seules qui travaillent dans l’urgence, car la plupart des personnages semblent plutôt sortir d’un autre monde, tout en lenteur, en doux décalage, qu’il s’agisse de deux prostituées qui chantonnent dans leur camionnette (beau moment), d’une famille obscurément princière (séquences absurdes), d’un père et sa fille en appartement (échanges parfois laborieux) ou d’un botaniste en croisade contre les insectes qui ravagent les palmiers environnants (la trame finalement la plus existentielle). Tous sont filmés de manière candide, sans distance ni empathie, sans ironie non plus. Rosi ne manque pas de vision, dans une démarche soutenue par un minutieux travail d’observation puis de montage (huit mois!), sauf que l’aridité de la proposition l’empêche de trouver son pouls. Pas de musique, pas de narration, aucune mise en contexte des personnages, et finalement peu de développement des personnages : l’expérience s’en trouve exsangue. Ce n’est pas tant le manque de narrativité ou le fait que la caméra s’efface (au contraire!) qui dérange, mais peut-être tout simplement un manque d’amour pour le sujet et ses habitants qui nous laisse sur le bord de la chaussée. « Sacro Gra » montre, en apparence, une variété de couches sociales, mais au final ses personnages ne sont que des marginaux confinés à la périphérie, littéralement. Loin d’être inintéressant, mais au final anecdotique.

 

Genre: Documentaire – Origine: Italie, France, 2013 – Durée: 1h23 – Réalisation: Gianfranco Rosi

 

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