Avec Right Now, Wrong Then (Un jour avec, un jour sans) Hong Sang-Soo livre l’une de ses œuvres les plus abouties. ♥♥♥♥½
L’ensemble de l’œuvre de Hong Sang-Soo peut être vu comme une variation sur un même thème et Right Now, Wrong Then, lauréat du Léopard d’or à Locarno ,ne fait pas exception. L’art, la création, l’amitié, les relations hommes femmes et l’alcool comme lubrifiant social sont au nombre des caractéristiques clés du cinéma de Hong Sang-Soo. Le personnage principal est toujours un artiste plus ou moins connu, plus ou moins habile avec les femmes, de bonne foi, mais souvent maladroit, déplacé et imbibé d’alcool. De plus, depuis Oki’s Movie en 2010, cette variation sur un même thème revient à l’intérieur même des films de Hong Sang-Soo. Ainsi, que ce soi avec The Day he arrives ou In Another Country, Hong Sang-Soo va offrir plusieurs variations de son histoire à travers son film. Ainsi, il utilisera les différentes perceptions des personnages du film ou carrément la sienne pour offrir des variations qui illustrent les dilemmes et la possibilité du travail de création.
Dans Right Now, Wrong Then, Chun-su est un cinéaste venu présenter son nouveau film à Suwon en Corée du Sud. Arrivé une journée à l’avance, il déambulera dans la ville et fera la rencontre d’une peintre timide et attachante, Hee-Jung. Leur histoire consistera en 24 heures de déambulations, rencontres et aventures jusqu’au départ de Chun-su pour Séoul le lendemain à la suite de la projection de son film. Hong Sang-soo offrira sépare ainsi son film en 2 parties qui sont 2 variations de cette rencontre fortuite et de ce qui en découle.
Une démarche en amélioration continue
La démarche qu’Hong Sang-soo poursuit de film en film se raffine ici encore plus. Si ces variations et répétitions peuvent étonner au premier abord, encore plus en raison d’éléments narratifs clairs, elles illustrent avec douceur et aplomb le processus de création, les dilemmes de l’artiste et le métier de cinéaste. Ces variations sont également symptomatiques des souvenirs vagues et brumeux d’un lendemain de veille dont sont si souvent victimes les personnages des films de Hong Sang-soo! Toutefois, le sentiment de répétition s’atténue légèrement par rapport à ses œuvres antérieurs ce qui vient consolider l’intérêt du spectateur envers le film sans pour autant diminuer la pertinence de la démarche créatrice. Ses zooms, omniprésents depuis la fin des années 2000, sont également plus raffinés et s’intègrent très naturellement à l’ensemble.
L’alcool comme lubrifiant social
Rares sont les cinéastes qui possèdent une signature aussi nette et distincte que Hong Sang-soo. Dans les premières minutes (le premier plan dans ce cas-ci), nous reconnaissons ses thèmes et son approche. Les personnages timides et plutôt maladroits en relations sociales se délient toujours sous l’influence de l’alcool (comme beaucoup d’êtres humains en général) et les situations se terminent souvent en de façon malaisante, mais toujours hilarante! Il est frappant de voir comment Hong Sang-Soo frappe dans le mille en écrivant des personnages auxquels il est facile de s’identifier et, en riant de leurs maladresses et malchances, nous rions également de nous même. De film en film, sa démarche se raffine, se précise et en livrant ici l’une de ses plus belles offrandes, il consolide sa position comme l’un des auteurs incontournables de l’art contemporain