Rester Vertical est une œuvre œuvre singulière et puissante d’Alain Guiraudie. ♥♥♥½
J’ai découvert Alain Guiraudie lorsque L’Inconnu du lac a été présenté au Festival du Nouveau Cinéma il y a quelques années. J’avais des réserves sur le film au départ, mais j’ai toujours admiré le propos sans compromis du cinéaste et son talent à développer un lieu ciblé de façon quasi-surréaliste et forte. Plus le temps passait, plus mon souvenir de ce film restait vif et puissant et aujourd’hui, j’ai en tête le souvenir de l’une des oeuvres fortes des dernières années. J’attendais donc impatiemment son dernier film, Rester Vertical, qui malgré des échos mitigés, semblait une fois de plus prometteur et sans compromis.
Rester Vertical nous raconte l’histoire d’un scénariste sans inspiration qui rencontre une bergère lors d’une promenade. Il en résultera un bébé, des rencontres, des séparations et des retrouvailles avec plusieurs personnages iconoclastes idiosyncratiques typiques de l’univers de Guiraudie.
Inutile de dire qu’avec de telle rupture de ton uniquement dans le synopsis, toute tentative de description narrative reste vaine! On reconnaît dès les premiers dialogues l’approche quais irréelle de Giraudie dans les rapports entre les personnages et les progressions dramatiques. Les échanges sont parsemés de moment malaisants, loufoques et inquiétants et font mouches à tout coup.
Le terroir comme terrain de jeu
La parenté la plus proche de Guiraudie est sans contredit Bruno Dumont, encore plus depuis le virage de celui-ci vers la comédie (notamment le délicieux Ma Loute, aussi à Cinemania). Les personnages iconoclastes, un peu gauches, le caractère tragi-comique du récit et la représentation unique du terroir de la campagne sont au nombre des similitudes entre les deux auteurs. Giraudie trouve néanmoins sa voie, en adoucissant légèrement le ton par rapport à Dumont et en présentant une puissance destructrice formelle plus que narrative.
Tout comme dans L’inconnu du Lac, les lieux de Rester Vertical échappent à la rationalité. Que penser de cette guérisseuse en plein bois ? De cette maison délabré en bordure de route où des loups rôdant autour de cette ferme? Il faut justement ne pas trop y penser; chez Giraudie, le spectateur doit pénétrer dans son univers sans questionnement et sans réserve dans son univers. Ceux qui questionne trop seront rebutés, mais ceux qui plongent, comme je suis, seront assurément récompensés.