Paul n’est peut-être pas un superhéros, mais il réussit néanmoins à transmette ses états d’âme dans cette adaptation de la réputée bande dessinée de Michel Rabagliati, et c’est ce qui le rend si particulier aux yeux des Québécois.♥♥♥♥
En 1999, Paul (François Létourneau) et sa conjointe Julie (Julie LeBreton) vivent de beaux moments avec leurs jeunes filles. Ils se cherchent une maison à Montréal et voient fréquemment leur famille, notamment les parents de Julie qui habitent à St-Nicolas, en banlieue de Québec. Mais la maladie a frappé durement Roland (Gilbert Sicotte), le fier et généreux patriarche de la famille, qui tente tant bien que mal de cacher l’ultimatum qu’il subit à ses enfants. Mais la vie étant ce quelle est, Roland devra être admis dans un centre de soins palliatifs alors que ses proches, dont Paul, devront apprivoiser l’idée de sa mort. Dans le processus, Paul se mettra au dessin.
En restant fidèle à son matériel source, Paul à Québec est un long métrage réalisé avec soin et amour par le cinéaste François Bouvier (Maman Last Call). Le film est tellement ancré sur le respect de la bande dessinée que l’on oublie son origine littéraire par des moyens qui sont propres au médium cinématographique dans la façon qu’il raconte une histoire. Les aspects comiques et dramatiques de l’œuvre ont été parfaitement adaptés pour le grand écran, autant dans les passages drôles qui transigent vers une époque où les nouvelles technologies font leurs apparitions autant dans les moments touchants qui percutent le cœur et l’âme du spectateur.
Ces émotions ne seraient pas mises en branles si ce n’étaient des performances de ces interprètes: François Létourneau incarne un Paul débordant de sincérité, Julie LeBreton, Brigitte Lafleur et Myriam Leblanc remplissent le mandat d’un trio de sœurs unies et charmantes, en plus du support de Louise Portal qui est tout aussi radieuse dans la peau de leur mère. Cependant, c’est sans équivoque que la prestation de l’année revient (encore une fois) à Gilbert Sicotte qui interprète un beau-père souffrant en phase terminale avec une profondeur et une délicatesse qui est difficile à rivaliser.
Gilbert Sicotte, Julie LeBreton et François Létourneau – Paul à Québec
Si les interprètes et la réalisation sont les bienfaits de ce film, il ne faut pas oublier non plus le rythme senti et constant tout au long de la narration. Souvent dans les cas d’adaptations, les frénétiques de la bd ont tendance à faire des liens avec l’œuvre originale, mais l’ajustement du neuvième au septième art est ici suffisamment affilé qu’il n’est guère nécessaire de chercher les dissemblances dans les pages du dessinateur et auteur Michel Rabagliati, également scénariste au film.
Contre toute espérance, Paul à Québec surpasse les attentes avec un récit qui regorge de toutes les émotions qu’on retrouvait dans la fameuse bande dessinée qui a tant touché les Québécois. La disposition des prouesses des acteurs, la réalisation maîtrisée et le rythme éprouvé font de ce long métrage une œuvre agréable qui reflète avec précision un portrait des valeurs québécoises en période de transition.
Auteur: Justin Charbonneau