Les films de l’été 2018 que vous avez possiblement manqués

L’été est toujours une saison prolifique en sorties cinéma. Notre critique COMPILE quelques titres à mettre sur votre liste de visionnement si vous les avez ratés en salle.

Sorry to Bother You de Boots Riley (États-Unis, 2018)

Note: ★★★ 1/2

De tous les films de l’été, Sorry to Bother You est le film le plus improbable dans sa montée en dramatique. Mais cette improbabilité n’a d’égal que l’extrémisme nécessaire pour faire état du ridicule de notre société. Le film est une comédie, une des meilleures de l’année sans aucun doute, sans cesse divertissante, qui pousse l’enveloppe des métaphores du commentaire social. En amenant la comédie noire à un niveau supérieur –et dans un avenir rapproché–, Boots Riley livre un propos à la fois réaliste et fantastique (au littéral et au figuré). En abordant de plein fouet le racisme et le capitalisme sauvage (sauvage au littéral et au figuré encore une fois), le film réussit à divertir de manière originale en créant un univers avec des personnages uniques, tout en étant extrême dans la mise en images de ses propos. Riley est une nouvelle voix du cinéma américain, voix qui est définitivement à surveiller. Sorry to Bother You est certes déjanté, mais il est surtout pertinent.

Bande-annonce originale anglaise (public mature)

Bande-annonce originale anglaise



Three Identical Strangers de Tim Wardle (Grande-Bretagne, 2018)

Note: ★★★

Robert est accueilli dans une université avec beaucoup trop d’enthousiasme par ses collègues étudiants. Il est même embrassé par une fille qui le débaptise Eddie. Une fois arrivé à sa chambre, un jeune homme le questionne :

-Es-tu adopté ?
-Oui.
-Ton anniversaire de naissance est le 12 juillet 1961 ?
-Oui.
-Je connais ton frère jumeau !

Ils font un coup de téléphone puis trois heures de route pour des retrouvailles extraordinaires. Il s’en suit une couverture médiatique importante qui se rend jusqu’à la ville de New York où un jeune homme croit se reconnaître dans ces deux jumeaux retrouvés. Ils sont en fait trois. Aussi extraordinaire que ce soit, cette prémisse constitue les dix premières minutes de Three Identical Strangers, un documentaire intelligent qui sait tirer avantage de sa structure narrative pour révéler progressivement cette histoire incroyable tout droit sortie d’une dystopie à la George Orwell. Plus les minutes avancent, plus l’histoire devient extraordinaire et révoltante sans jamais délaisser les émotions derrière le drame humain dont ces trois familles sont victimes. À voir.

Bande-annonce originale anglaise



Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot de Gus Van Sant (États-Unis et France, 2018)

Note: ★★★

Cette comédie dramatique est la meilleure offrande du réalisateur de Elephant (2003) des dix dernières années, années qui furent plutôt ordinaires (Restless en 2011, Promised Land en 2012) ou médiocres (The Sea of Trees en 2015). Le réalisateur se permet de jouer avec la caméra pour quelques scènes (mouvements rapides et cadres inversés) tout en filmant de manière intime pour bien rendre les drames que vivent ses personnages. Joaquin Phoenix est extraordinaire dans ce rôle de bédéiste paraplégique et alcoolique aux dessins controversés; un rôle complexe comme il sait bien les interpréter. Jonah Hill est efficace dans son interprétation dramatique comme on ne l’a jamais vu. Seule Rooney Mara est sous-exploitée dans le rôle de l’intérêt amoureux du personnage principal. Les déboires du bédéiste sont vivants sans plonger dans la déprime ou le misérabilisme. Van Sant sait mettre en scène le désespoir sans aliéner son spectateur (on pense ici à My Own Private Idaho en 1991), Don’t Worry, He Won’t Get Far on Foot renoue avec cette caméra sensible sans être léchée et cette sincérité émotionnelle qui a fait le succès de ses premiers films.

Bande-annonce originale anglaise



Eighth Grade de Bo Burnham (États-Unis, 2018)

Note: ★★★ 1/2

Réalisateur novice certes, Bo Burnham est néanmoins maître dans la représentation audiovisuelle de soi. Youtubeur populaire, le jeune réalisateur transmet avec justesse et sincérité la réalité actuelle d’une fille de 13 ans en 8e année. En restreignant son film à la dernière semaine de l’année scolaire, Burnham réussit à exacerber les enjeux de l’image de soi et de l’acceptation à travers les différentes épreuves et questionnements de sa protagoniste à une étape charnière de sa vie. Avec des plans d’ouverture et de fermeture qui se répondent, Burham nous invite dans un quotidien d’une période du début de l’adolescence où la valorisation peine à éclore dans ce monde cruel des High School américains. Elsie Fisher est d’un naturel impressionnant, au point où il serait plausible d’affirmer qu’elle soit le personnage d’un documentaire. Et malgré sa mise en scène, le jeune réalisateur évite complètement le voyeurisme vers lequel les appareils utilisés par son personnage pourraient facilement tendre.

Bande-annonce originale anglaise



McQueen de Ian Bonhôte et Peter Ettedgui (Grande-Bretagne, 2018)

Note ★★★ 1/2

Le documentaire est construit en cinq actes, cinq défilés marquants de la prolifique, mais courte carrière du designer anglais Alexander McQueen. Somme toute assez classique (images d’archives et entrevues), Bonhôte et Ettedgui nous offrent un portrait à la hauteur de l’univers de McQueen, le designer, provoquant personnage public et Lee, l’homme ; spectaculaire, sombre, et rempli de fortes émotions. Que vous soyez familiers avec ses œuvres, ses défilés (de l’ordre de performances artistiques) ou non, vous ne serez pas insensible à sa vie ; ses drames, sa créativité, son univers, tout de McQueen viendra vous chercher. Un ultime hommage sublime à la hauteur de l’artiste qu’il était. Préparez vos mouchoirs, la moitié de la salle en est sortie les yeux mouillés.

Bande-annonce originale anglaise

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