Nathalie Moliavko-Visotzky, Directrice photo

En novembre dernier, j’ai eu l’occasion d’assister à un masterclass avec la directrice photo Nathalie Moliavko-Visotzky, organisé par l’ARRQ (Association des réalisatrices et réalisateurs du Québec) et animé par le réalisateur Bruno Carrière. Ce masterclass portait davantage sur la relation entre le réalisateur et le directeur photo et fût, somme toute, très intéressant.

Accompagnée d’une légère timidité, c’est avec une grande douceur qu’elle nous a raconté son parcours. Au cours des 30 dernières années, Nathalie Moliavko-Visotzky fût la directrice photo de nombreux réalisateurs et réalisatrices, en documentaire et en fiction. Débutant un parcours classique comme assistante à la caméra, sans formation précise, elle fit son apprentissage « sur le tas ». Longtemps assistante et ensuite cadreuse, elle fit le saut à la direction photo après la naissance de son deuxième enfant.

Initiée très jeune au cinéma de Jean-Luc Godard avec son père, et par la suite au cinéma de John Cassavetes, plus précisément avec le film The Killing of a Chineese Bookie (1976), elle fût absorbée par le travail de ce cinéaste au point où elle voulut en faire son métier. Au fil de sa carrière, elle a travaillé avec Denys Arcand, Jean-Claude Lauzon, André Forcier, François Girard, Louis Bélanger et Nathalie Saint-Pierre qui a gagné le Valois d’Or au Festival du film francophone d’Angoulême en 2012 pour Catimini (2012). Elle a aussi contribué à différents films de réalisateurs étrangers tels que David Mamet et Robert Altman.

Dans ce masterclass qui s’est plutôt présenté comme une discussion entre Bruno et Nathalie, on apprend comment cette directrice photo au parcours varié a vécu sa formation au fil des tournages, des rencontres, des succès et des échecs. Par exemple, elle évoque la peine qu’elle a ressentie lorsque les critiques cinématographiques québécois ont déprécié le film Le règne de la beauté (2014) de Denys Arcand, le décrivant comme un beau, mais mauvais film. Elle ajoute presque en chuchotant qu’elle a toujours adoré travailler avec Denys Arcand, depuis ses débuts, autant qu’elle a aimé son expérience avec Jean-Claude Lauzon et André Forcier.

Par ailleurs, elle nous avouait ne pas être très geek des caméras et des nouveaux gadgets. Elle se considère plus comme une directrice photo instinctive. C’est justement cet angle qu’elle a approché pour le film gore Martyrs (2008) de Pascal Laugier, cinéaste de film de genre. Son moyen de défense face à toute cette horreur? Le rire! Ce film est toutefois, que vous aimiez ou non le gore, l’un des films les plus difficiles à regarder après The Exorcist. Il reste qu’ils sont très différents.

Dans les titres commerciaux, on peut voir Ego Trip (2015) de Benoit Pelletier avec Patrick Huard, Le règne de la beauté (2014) de Denys Arcand avec Éric Bruneau et Détour (2009) de Sylvain Guy avec Luc Picard.

Nathalie Moliavko-Visotzky est une directrice photo à découvrir. Avec son parcours diversifié, elle fût l’une des pionnières de la direction photo au Québec. Malheureusement, encore très peu de femmes percent dans ce métier, mais le progrès s’observe avec le travail de jeunes directrices photo comme Marie Davignon, qui a signé le magnifique Sashinka (2017) de Kristina Wagenbauer et le très intéressant documentaire d’Érik Cimon, Montreal New Wave en 2016 (sur lequel j’ai eu l’honneur de travailler moi-même comme assistant à la caméra). Celle qui a aussi travaillé sur le documentaire Un homme sage-femme (2018) de Martine Asselin fait partie des directrices photo québécoises à surveiller!

Je crois que ce qui distingue le plus la directrice photo Nathalie Moliavko-Visotzky des autres, c’est son sens exceptionnel de l’adaptation. Elle personnifie de manière remarquable chacun des films sur lesquels elle travaille en fonction des réalisatrices et réalisateurs. J’ai bien hâte de voir son prochain film!

Pour découvrir le travail de plusieurs directeurs et directrices photo, allez consulter les trois articles suivants écrits par notre collaborateur Marc-Antoine Lévesque:

Les directeurs.rices à suivre sur Intagram (Partie 1)

Les directeurs.rices à suivre sur Intagram (Partie 2)

Les directeurs.rices à suivre sur Intagram (Partie 3)

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *