Mobile Etoile sort ce vendredi. C’est l’occasion pour nous de rencontrer l’équipe du film ; son réalisateur Raphaël Nadjari et son actrice principale Geraldine Pailhas revenant sur la genèse du tournage et sur les personnages.
Entrevue :
Benjamin Sivignon : Pouvez-vous nous parler du tournage ? Des difficultés que vous avez pu rencontrer ? Vous étiez assez serrés niveau temps, seulement 27 jours de tournage ?
Raphaël Nadjari : C’est un film qui a été très long à financer. On a du beaucoup travailler là-dessus, pour faire émerger ce type de cinéma qui est de plus en plus rare aujourd’hui. On a eu beaucoup de contraintes mais on avait une super énergie. On a pu faire dans un délai très court des choses qui sont très longues à faire normalement.
BS : Pourquoi avez-vous finalement choisi la ville de Montréal comme lieu de tournage ? Vous aviez envisagé une autre ville à la base, qu’est ce qui vous séduit à Montréal ?
RN : J’ai fait un grand voyage en Amérique du Nord et ma première destination était Montréal. Je me suis baladé et j’ai vu qu’il y avait un marathon de musique sacrée, ça a ouvert une grande réflexion sur le rapport à la musique que les gens ont ici. La musique est devenue vraiment sacrée depuis qu’elle a quitté les cultes. C’est exactement ça que je voulais raconter. L’art est une façon bien plus belle de gérer les patrimoines et les héritages que le culte. J’ai véritablement connecté à cela. J’ai été dans plusieurs endroits, rencontré plusieurs personnes. Et du coup j’ai tout réécrit ! J’ai changé la musique, l’univers musical.
BS : Justement pour parler de la musique, vous avez travaillé avec le compositeur Jerôme Lemonnier ? Avait-il des directives précises quant à la composition de la musique ?
RN : On a fait un atelier musical. J’ai fait le choix des textes. On a été faire une énorme recherche en musicologie avec l’institut des musiques juives. On nous a proposé des centaines de partitions de grands auteurs dont on a décomposé le style et la ligne harmonique. Et à partir des thématiques que j’ai amené, un traducteur d’Hébreu en Français a pu travailler dessus. Et le compositeur Jerôme Lemonnier a pu recomposer la pièce qu’on entend dans le film. Il a fait un travail incroyable.
BS : Dans le film, une ancienne pièce de musique sacrée est restaurée pour être rejouée. Vouliez-vous insister sur la notion de transmission à des générations futures ?
RN : En fait c’est l’histoire d’une femme qui va devenir maitre de musique. Accompagnée par son mari d’abord et puis qui va y aller vraiment seule. Elle est dans une dynamique de redécouverte de musique ancienne. C’est la seule chose que l’on sait de cette femme, on ne sait rien d’autre de son passé à part qu’elle est française. C’est le lien avec le passé qui forme ce qu’elle est. C’est comme ça qu’elle avance, grâce à sa passion de musicienne. C’est un film avec des moments de vie qui sont très simples mais qui sont des chambres d’écho énormes.
BS : Dans Mobile Etoile, différentes générations se côtoient au sein d’un même groupe. Est-ce une manière pour vous de dire que la grande musique a quelque chose d’intergénérationnelle ?
RN : Il y a eu une vraie rencontre avec Montréal avant tout. J’ai vu les conservatoires, les bibliothèques. Je me suis dit que la coquille était là, il fallait qu’on l’habite. Ce qui m’a intéressé, c’est ces lieux d’échange entre toutes ces générations. Il y a dans le film une transmission, qui est un chemin, une évolution de la trajectoire des personnages.
BS : Comment s’est passé le casting ? Est-ce que vous avez privilégié des acteurs ayant déjà une sensibilité à la musique ?
RN : Oui, tout le monde a quand même travaillé très dur, tout le monde s’est entrainé. Géraldine a appris la musique pendant huit mois avec deux professeurs. C’était un vrai moment de partage, tout le monde a du s’entraider. Nous sommes devenus un vrai groupe.
Geraldine Pailhas : Le personnage était magnifique. Il y avait de nombreuses choses à explorer. Ce qui me préoccupait réellement, c’était la musique…C’était la chose que je ne maîtrise pas du tout.
BS : Quel a donc été la difficulté par rapport au tournage ?
RN : Le grand défi technique, c’était de mettre à niveau cette musique qui était un élément de tournage. On ne pouvait pas ne pas l’enregistrer en amont…
GP : Oui, au final, ce n’était pas que de l’interprétation elle-même car au final, ce n’est pas ma voix !