Avec le décès de Mike Nichols, c’est un monument du cinéma américain qui s’éteint aujourd’hui. Who’s Afraid of Virginia Woolf?, Carnal Knowledge, Catch-22, Working Girl, Closer, Primary Colors et son chef-d’œuvre, The Graduate, sont parmi les grandes réussites du cinéma américain des 50 dernières années. Avec Angels in America et Wit, il a donné ces lettres de noblesses à un genre mal-aimé, le télé-film.
Nichols ne fut pas seulement un réalisateur de talent, mais il est celui qui, avec Arthur Penn, a changé la face d’Hollywood. Au début des années soixante, l’époque des grands studios est révolu, les grands réalisateurs d’antan ne sont plus l’ombre d’eux-même ou se tournent vers la télévision. En 1963, la (méga)production de Cléopâtre mets la Fox au bord de la faillite, en grande partie à cause de sa star, Elizabeth Taylor qui fait des caprices. Et c’est cette même Elizabeth Taylor qui donnera en 1966 un nouveau souffle à Hollywood, dans un film dirigé par Nichols, avec comme co-vedette Richard Burton qui était également du générique de Cléopâtre. Who’s Afraid of Virginia Woolf? fut un succès immense, plus dense, sombre et noir que la plupart des films que le cinéma américain nous avait habitué. Le film fut nominé aux Oscars dans toutes les catégories qu’il était éligible, soit dans 13 catégories, incluant les 4 pour les acteurs, il repartira avec 5 statuettes dont ceux de la Meilleur Actrice pour Mme Taylor et de la Meilleur Actrice de Soutient pour Sandy Dennis. Notons également qu’en 2013, le film fut sélectionner pour être préserver à la librairie du congrès.
Le succès du deuxième film de Nichols est encore plus grand. The Gradute ne permets pas seulement au jeune Nichols de confirmer son talent de réalisateur et de lui permettre de gagner son seul Oscar, mais il révèle au grand public Dustin Hoffman et la musique de Simon & Garfunkel.
Suit une série de films, parfois marquant (Catch- 22 avec entre autres Orson Welles, Carnal Knowledge avec un jeune Jack Nicholson, Working Girl qui révéla au grand public Melanie Griffith), parfois un peu moins, comme son incursion dans la science-fiction avec What Planet Are You From?.
Après l’échec de What Planet Are You From?, Nichols se tourne vers la télévision et vers HBO qui commence à prendre de l’ampleur. C’est pour ce canal qu’il tourne deux téléfilms, Wit (2001) avec Emma Thompson et retrouvant pour la 4e et dernière fois Meryl Streep pour Angels in America (2003).
Après ce passage à la télévision, Nichols retourne au cinéma avec deux films étonnants, Closer, carré amoureux qui fait un surprenant échos à Who’s Afraid of Virginia Woolf? sorti quarante ans plutôt et finalement, Charlie Wilson’s War avec Julie Robert, Tom Hanks et Philip Seymour Hoffman.
Né en Allemagne en 1931, il émigre aux États-Unis avec sa famille en 1938. Dès l’université, il mets en scène des pièces de théâtre, sa dernière mise en scène pour le théâtre date seulement de l’an dernier avec une reprise de Betrayal d’ Harold Pinter avec Daniel Craig et Rachel Weisz. En 1958, il forme un duo d’humoriste avec Elaine May, Nichols and May. Ensemble, ils parcours les scènes et pays et remporte en 1962 le Grammy du meilleur disque d’humour. Cessant les activités ensemble quelques part au milieu des années 60, ils font un retour ensemble en en 1977 pour le gala d’inauguration de Jimmy Carter.