Microbe et Gasoil : vieillir sans grandir

Microbe et Gasoil

Présenté en première Québécoise dans le cadre du FCVQ, le cinéaste français Michel Gondry revient en force avec cette charmante comédie sur deux adolescents qui explorent la campagne française. ♥♥♥♥


Juste au moment où il semblait que Michel Gondry (Eternal Sunshine Spotless Mind) était perdu dans les nuages pour toujours (l’écume des jours a été une auto-parodie), il revient sur terre avec Microbe et Gasoil, un long métrage qui exploite à merveille tous ses talents. Pour un cinéaste qui semble souvent plus intéressé par la fabrication de fantaisie que par la réalisation de bons films, la prémisse de Gondry semblait à première vue une recette pour un désastre : deux adolescents marginaux qui fuguent loin dans la campagne française avec leur petite maison pourvue d’un moteur et de roues. Cette fois, Gondry n’impose pas son imagination fantaisiste sur ses personnages : les enfants éponymes au cœur de Microbe et Gasoil ne sont concernés que jusqu’où leur créativité peut littéralement les mener.

Microbe et Gasoil: road-movie français

Microbe (Ange Dargent) est le surnom d’un jeune adolescent qu’on qualifie à l’école à cause de sa petite taille. Une crevette androgyne sans amis d’une mère autoritaire (Audrey Tautou), Microbe est désespéré pour que quelqu’un ne le perçoive pas comme l’avorton d’une litière. Gasoil (Theophile Baquet) est un étudiant en transfert qui ressemble au pubescent Danny Zuko dans Grease, toujours plus intéressé par la mécanique que par les femmes. Les deux parias deviennent rapidement copains. Leur amitié est aussi solide et adorablement étrange que leur voiture qui se transforme en appartement mobile (complet avec des fleurs le long du rebord de la fenêtre).

Microbe et Gasoil
Crédit photo: Capture d’écran youtube

Les premiers passages de Microbe et Gasoil sont méconnaissables par rapport à la majorité des réalisations de Gondry même lorsque les garçons prennent la route. Alors que l’histoire s’oriente vers le type d’excentricité qui ont causé les films précédents du réalisateur de décrocher de la réalité (les détours comprennent un dentiste solitaire et un bordel asiatique ), Microbe et Gasoil touche souvent une harmonie sublime entre la loufoquerie maniaque de Louis Malle dans Zazie dans le métro et l’anarchie aigre-douce de François Truffaut des 400 coups. Gondry peut être vu comme Microbe, une représentation de lui-même qui lui permet, grâce à ses personnages, un retour à la simplicité de l’enfance. Ce dernier peut ainsi abandonner un moment où la fantaisie était une partie de la vie réelle plutôt qu’une escapade. Depuis ses débuts mondains à sa conclusion mélancolique, Microbe et Gasoil est un film merveilleusement touchant, car il se souvient de l’urgence de vouloir vieillir sans grandir.

Auteur: Justin Charbonneau

*Microbe et Gasoil sera présenté le 20 septembre à 10h00 au cabaret précédé du court-métrage Rétrosexe de Jean-Baptiste Saurel.

Cette critique a été écrite dans le cadre du Festival de Cinéma de la ville de Québec.

 

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