Retour de Xavier Giannoli qui fait pousser la chansonnette à Catherine Frot en une « fausse » Marguerite ♥♥♥
Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.
Allons-y tout de go, sans trop de prose ou de chichi, Xavier Giannoli est un grand réalisateur. Pour ses cinq dernières réalisations, nous pouvions louer ses nombreuses qualités d’homme-orchestre capable de susciter chez le spectateur de nombreuses émotions souvent à propos de sujets sensibles. C’est en outre un faiseur intéressé par les thématiques délicates et qui font rarement l’unanimité.
A date sa réalisation la plus réussie ayant été A l’Origine mais il connait aujourd’hui avec Marguerite un nouveau succès public important et pourrait faire une razzia sur les Césars à venir dans quelques semaines.
Toutefois, comme bien souvent dans ses réalisations, encore une fois, c’est le propos qui peut agacer. Dans Marguerite, il réussit à faire tenir un film sur deux heures avec pourtant un pitch extrêmement mince. Il aurait pu essayer de capter encore plus la détresse de son personnage principal, jouer avec Catherine Frot tel un pantin en perdition…Il n’en aurait que réussi un plus grand mélo.
Malheureusement, à choisir des thématiques complexes, il finit (encore une fois) à ne pas savoir comment la clôturer. L’exemple et le parallèle le plus facile à faire, était celui avec Superstar dont on sentait monter la supercherie pendant tout le film. Ici, ce n’est pas forcement décevant, c’est qu’on finit par être agacé par les virages et les simagrées que l’histoire prend. A force de ne pas vouloir tomber dans le pathos, le réalisateur passe à côté de ses plus grandes scènes (et pourtant la musique classique ici omniprésente aurait grandement du l’y aider). C’est à la fois agaçant et révoltant car on sentait un potentiel énorme au film. Au lieu de cela, le film laisse la part belle à sa distribution (toute parfaite même si assez inconnue). Le seul petit bémol est à distribuer à Christa Theret (habituellement convaincante) et qui ne s’en sort pas avec le semblant de chant lyrique.
Comme de coutume, Catherine Frot se met en danger dans un rôle au combien majeur. On sent le césar de la meilleure actrice bien à sa portée. A moins d’une surprise, celui du meilleur film devrait toutefois atterrir dans les mains d’un autre créateur….