Mandibules : Les dudes français

France, 2020
★★★

Le tout dernier film de Quentin Dupieux, Mandibules, sélectionné à la Mostra de Venise est aussi farfelu que loufoque, nous laissant agréablement surpris. Le projet du cinéaste et musicien était aussi ambitieux que dangereux. Heureusement, c’est un pari relevé. Ce film qui rappelle l’œuvre des frères Coen (The Big Lebowski), propose une comédie qui détonne du reste de la filmographie du réalisateur par un optimisme rafraichissant et revigorant. L’artiste nous surprend par cette œuvre atypique qui met inévitablement un sourire aux lèvres.

 

Raffiner le jeu

Quentin Dupieux déjà connu pour Le daim, Au poste ! et Réalité (nos critiques ici et ici), revient avec Mandibules, l’histoire d’un duo d’amis, des imbéciles heureux, qui ont comme mandat de livrer un colis. Ils rencontrent sur leur chemin une mouche géante qu’ils tenteront de dresser.

Le jeu des deux protagonistes interprétés par Grégoire Ludig et David Marsais est excellent et leur connivence habituelle est palpable. La prestation de Roméo Elvis est ordinaire, mais Adèle Exarchopoulos est hilarante dans son rôle de l’amie qui ne peut que crier suite à un accident de ski. Toutefois, le personnage de la mouche vole décidément la vedette. La marionnette jouée par Dave Chapman, le marionnettiste ayant interprété BB-8 dans Star Wars, ajoute de la personnalité et donne un aspect surréaliste au film.

Construire une esthétique

La direction artistique est remarquable, permet d’aller au-delà d’une simple quête de vraisemblance et crée un univers hermétique propice aux fantaisies à la hauteur de la désinvolture de leur projet. Kitsch et rétro, la direction artistique de Mandibules fabrique un monde loufoque et artificiel par ses couleurs pastel où les seuls véritables éléments sensibles et réels sont les affects. La facticité de l’univers met de l’avant l’authenticité de l’amitié, thème autour duquel le film se bâtit. Le style des années 80 ajoute à l’excentricité de l’œuvre tout en l’enjolivant par ses teintes qui rappellent une vision cristallisée du paysage enchanteur, désertique et tropical, de ce qui semble être le sud de la France.

Suivre le rythme

Bien que Mandibules fasse rire et divertit, la structure narrative semble inachevée et défectueuse. Malgré les quelques avancements qui surgissent tôt dans l’histoire, le fil narratif semble se perdre au profit des quiproquos sur lesquels repose le côté comique. La progression initiale suit un tempo régulier et intéressant. Toutefois, la fin est précipitée et les péripéties ne sont jamais trop approfondies. Étourdissant parfois, la seconde moitié du film est brusquée et la fin arrive trop rapidement. Néanmoins, le ton humoristique demeure et l’évolution narrative progresse, mais suivant un rythme décousu.

Le cinéaste français offre un film empreint de légèreté et d’une simplicité efficace. Mandibules se trouve à la jonction du kafkaïen et de la comédie absurde. C’est sans prétention que l’artiste vise avant tout à proposer une expérience cinématographique réjouissante et divertissante. C’est à découvrir absolument dès le 9 juillet dans les cinémas.

 

Bande annonce officielle :

Durée : 1h17
Crédit photos : Axia Films

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