Le Road Warrior est de retour ! 30 après la sortie du dernier volet des aventures de Max Rockatansky Mad Max, Au-delà du dôme du tonnerre, George Miller reprend du service et remet sur les rails un nouvel opus sobrement intitulé Mad Max : Fury Road. L’occasion pour cinémaniak de revenir sur cette franchise emblématique et iconique des années 80 dont le quatrième volet marquera l’ouverture du 68e Festival de Cannes…
La saga qu’on ne présente plus dépeint un futur plutôt sombre, où la pénurie mondiale de carburant a rendu les routes dangereuses car aux mains de gangs violents s’affrontant pour dérober et contrôler le peu d’essence encore en circulation. Dans ce monde impitoyable, Max Rockatansky (interprété par Mel Gibson), policier de la route, devenu un loup solitaire après l’assassinat de sa femme et de son fils, tente de survivre dans ce monde de folie.
L’arrivée de premier Mad Max en 1979, marque un point tournant dans la carrière de son réalisateur, George Miller. Ancien médecin, l’idée du film lui est venue de ses observations sur des blessés et des victimes d’accidents de la route. C’est donc de la violence que nait le personnage de Max ainsi que son univers. Le premier volet nous dépeint donc ce monde violent et ambigüe, dans lequel la représentation de l’État parait aussi folle que celle des gangs opérant sur les routes. C’est ce qu’incarne le personnage de Max ainsi que son équipe. Les punitions expéditives, la violence physique et les « massacres mécaniques » sont de mise des deux bords et caractérisent la saga dans toute sa folie. Folie qui se retrouve dans l’esthétique même du film : on montage très « cut » et rythmé de manière nerveuse, une bande sonore violente et d’une rare intensité pour l’époque, des personnages aussi dingues les uns que les autres. Le tout entremêlé de courses poursuites automobiles qui font date dans l’histoire du cinéma. Découvrir le premier Mad Max hier comme aujourd’hui peut s’avérer perturbant pour certains, tant l’aspect général du film n’a rien de classique autant dans sa structure que dans son esthétisme. C’est d’ailleurs pour ça qu’on s’en souvient et que le film a marqué l’histoire du cinéma.
Ce qui marque également dans l’aspect général des Mad Max, c’est le changement radical de ton et d’ambiance dans chacun des films. Le deuxième épisode, sobrement intitulé Road Warrior, possède une structure et une esthétique plus traditionnelles. Une action plus progressive, ancrée dans une structure tout aussi efficace. L’esthétique va plus loin à plusieurs niveaux : l’environnement est clairement post-apocalyptique. Là où le premier nous montrait une société en plein effondrement tentant de retrouver certains repères, le second volet nous place dans un monde chaotique et désertique. C’est dans ce monde que Max tente de survivre. Dans Road Warrior, il croise la route et décide d’aider un groupe de survivants aux prises avec un redoutable gang avide de leur stocks de gazole. Le deuxième film est le plus connu et le plus emblématique de la saga. Toujours aussi violent, il reste gravé dans les mémoires notamment grâce à sa course poursuite finale orchestrée et montée avec brio rarement atteint.
Le troisième volet, diffère également des deux premiers. Le ton change radicalement et le film se montre plus un peu accessible au grand public. Au revoir la V8 Interceptor et bonjour le chariot tiré par des chameaux. Au-delà du dôme du tonnerre, est l’épisode de la renaissance et de l’espoir. Le film montre les prémisses d’une société dans laquelle Max incarnerait une sorte de Messie, un sauveur d’enfants. C’est probablement l’œuvre la plus décriée dans la filmographie de Miller. Le changement de ton et l’aseptisation du film marque une certaine rupture avec le public habituel de la saga. Le film est lissé et la violence de ce monde s’efface peu à peu. Il est de bon sens de penser que c’était le souhait du réalisateur. En effet, après deux épisodes imprégnés de violence et pour lesquels Miller a du se battre contre la censure, avoir un Mad Max plus axé sur l’apaisement et le renouveau était logique.
Même avec des épisodes aussi contrastés, Miller a créé à l’aube des années 80 une franchise unique en son genre, une icône cinématographique. Il a permis au monde de découvrir l’immense talent de Mel Gibson qui a pu incarner et habiter le personnage ambigüe de Max Rockatansky, héro/anti-héro/vengeur/messie/salaud, toujours sur la ligne de ce qui sépare les méchants des gentils. Il a dépeint un monde d’une rare violence dans lequel il a pu laisser s’exprimer son incroyable talent de mise en scène.
Que va-t-il nous réserver pour Fury Road ?
Fruit d’un long développement, le projet de Fury Road a été parsemé d’embuches tout au long de la production et du tournage. Entre mise en place du projet, puis annulation, puis remis sur les rails pour être mieux reporté, changement de lieu de tournage, d’acteur, de type de film (il a été envisagé à un moment d’en faire un film d’animation), Miller a eut bien du mal à faire son nouveau long métrage. Et c’est donc 30 ans après Par delà le dôme du tonnerre que le nouveau Mad Max débarque sur nos écrans. A quelques jours de la sortie que sait-t-on et quelles sont les promesses de ce nouveau volet ?
Éternel solitaire parcourant les restes désertiques d’un monde post-apocalyptique, Max croise le chemin de l’Impératrice Furiosa en compagnie de cinq jeunes filles, propriété de l’impitoyable et terrifiant chef de clan, Immortan Joe. Elle lui demande alors son aide (à Max) pour fuir la horde du gang à ses trousses. Max, va de nouveau devoir choisir entre son intérêt personnel et cette nouvelle quête qui s’offre à lui.
Le sentiment général qui se dégage du synopsis ainsi que des images des différentes bandes-annonces est un mélange d’excitation, de curiosité et de nostalgie. Sur de nombreux points Mad Max : Fury Road nous rappelle à notre bon souvenir le deuxième volet de la saga, dans une version plus folle avec un Georges Miller qui met une grande partie de la technologie actuelle au service de son long métrage.
Visuellement, le film est à l’image de l’œuvre générale de Miller. La composition quasi millimétrée de chaque plan témoigne d’un véritable soin et d’une profonde réflexion du cadre. Difficile d’en juger avant d’avoir vu le résultat final, le montage. On peut tout de même supposer par rapport à ce qui se trame, que Miller va surpasser de nouveau son exploit du Road Warrior : nous refaire une scène de course poursuite d’anthologie et encore jamais vue ! La couleur à également son mot à dire, aujourd’hui plus que jamais ! Alors que la mouvance des blockbusters américains depuis ces dernières années est de donner aux films un ton sombre , grisâtre, sans aucune vibrance, Fury Road ose la couleur, pousse la saturation et la teinte afin d’obtenir un rendu inespéré pour une œuvre de ce calibre. Rarement on aura vu un désert avec un dégradé jaune / orangé aussi vif. Il en va de même avec certaines scènes de nuit qui semblent utiliser le procédé de nuit américaine, d’où ce rendu aussi bleuté comme on peut le voir dans une ou deux bandes-annonces. Un emprunt et hommage au cinéma classique dans toute sa splendeur.
Mad Max : Fury Road choisi donc la route furieuse du changement et impose son propre esthétisme face à une horde de blockbusters préconçus et pré-vendus !