Eiji Uchida puise dans le meilleur du cinéma contemporain dans Lowlife Love. ♥♥♥½
Tetsuo s’imagine qu’il est un cinéaste « entre deux films ». Il s’avère qu’il est plutôt un loser de 39 ans, un obsédé sexuel et un vaurien malhonnête, perpétuellement sans emploi, malgré un film à succès qui l’amena sur le circuit festivalier il y a plusieurs années. En attendant, il gère un « club » de cinéma, qui fonctionne plutôt comme compagnie de production de pacotille, doublée d’une soi-disant école de théâtre qui escroque les jeunes acteurs, scénaristes et réalisateurs sans talent en échange d’un peu de travail. Lorsque Tetsuo rencontre Ken et Hiromi, la dynamique change cependant : voici deux personnes potentiellement douées qu’il pourra exploiter afin de remettre sa carrière sur le droit chemin! Le hic, c’est qu’il n’est pas le seul à penser de cette manière, et la panoplie de relations malsaines qu’il entretient ne va que s’envenimer…
L’humour malaisant est bien palpable dans Lowlife Love, dernière œuvre de Eiji Uchida. On sent l’ombre de Hong Sang-soo qui plane quelque part au-dessus du film qui aborde directement les thèmes si chers au cinéaste coréen; la création, les artistes (pseudo ratés), le sexe, les relations hommes-femmes… Les amateurs du prolifique cinéaste comme les adeptes du mouvement mumblecore seront ainsi assurément charmés par cette œuvre plus drôle que tragique, qui ne manque pas d’autodérision et d’autocritique.
Uchida soulève en effet à merveille les côtés quelque peu hypocrites et artificiels du cinéma indépendant. Il braque la caméra sur sa propre industrie sans complaisance et prend un malin plaisir à exposer au grand jour les tensions amicales, sexuelles ou financières qui peuvent émerger dans le milieu. Lowlife Love s’essouffle peut-être légèrement en fin de parcours, mais il n’en demeure pas moins fabuleusement drôle en son genre et très divertissant. Une belle surprise parmi une programmation toujours éclectique à Fantasia!