L’origine du mal : film noir pour rire jaune

France, Québec, 2022
Notes : ★★★ ½

Avis aux adeptes de la magistrale série Succession diffusée sur HBO ou du film 8 femmes de François Ozon, le film L’Origine du mal, coproduction franco-québécoise, devrait être dans vos cordes.

On y suit Stéphane, une femme de peu de moyens qui travaille dans une usine de poisson, reconnectant avec le père qu’elle n’a jamais connu. Ce dernier est grossièrement riche et n’a plus la forme qu’il avait. Lorsqu’elle se rapproche de lui, son autre fille et son épouse, qui le méprisent ouvertement, se sentent donc menacées de devoir partager leur héritage à venir.

D’une manière similaire à ce qu’il avait fait dans son précédent film, L’heure de la sortie, en 2019, le réalisateur et scénariste français Sébastien Marnier reprend le thème de la rencontre d’une personne seule face à un groupe soudé et hostile, évoluant dans un climat lourd et troublant, pour mener son intrigue. Et encore une fois, il utilise les codes du thriller. Si c’était pour traiter d’écoanxiété dans son précédent film, cette fois-ci, c’est pour critiquer la grossièreté de l’ultrarichesse et dénoncer les écarts entre les classes. Dans tous les cas, le regard qu’il pose sur le monde semble toujours empreint de désespoir.

Mais attention, le film n’est pas d’une noirceur absolue. On est plutôt dans la satire bien mordante. L’origine du mal est un film grinçant qui nous laisse tour à tour choqués et amusés, troublés et divertis.

Avec un scénario surprenant, imprévisible, foisonnant, qui multiplie les trahisons difficiles à anticiper, le cinéaste se révèle très habile à manipuler son auditoire. On croit à toutes ses propositions, pourtant fort changeantes. On passe de l’empathie au dégoût, à la colère, au rire.

En opposition au patriarche violent et intolérant, la galerie de personnages, entièrement féminine pour le reste, nous fait rire jaune. Elles sont toutes plus tordues les unes que les autres. En leur centre, Laure Calamy offre une performance remarquable dans le rôle de Stéphane, nous menant en bateau grâce à son jeu à multiples registres, d’où notre étonnement devant les retournements qu’on ne voit pas venir.

Soulignons également le jeu très physique de la Québécoise Suzanne Clément dans le rôle de la conjointe incarcérée de Stéphane.

Les musiciens Québécois Pierre Lapointe et Philippe Brault signent la musique.

***

Présentement à l’affiche.

Durée : 2h05

Crédit photos : Maison4tiers

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