Un manque de substance qui n’est pas comblé par une mise en scène lourde malgré des performances inspirantes. ♥♥½
Sa nourrice, Miri, une aspirante actrice, l’amène chaque matin et vient le chercher chaque soir. Il vit seul avec son père, un restaurateur fort occupé, depuis que sa mère est partie rejoindre son amant à Boston. Il aime jouer avec ses amis. Yoav, joufflu et blondinet, est un petit garçon de 5 ans tout ce qu’il y a de normal. À la notable exception près qu’il compose, presque comme un possédé, d’incroyables poèmes. Subjuguée, Nira, sa maîtresse, ne parvient bientôt plus à taire la fascination, de plus en plus malsaine, que font naître chez elle le bambin et ses rimes.
Tout en plans langoureux et contemplatifs, le second film de Nadav Lapid après Le Policier, mets en scène un monde complexe et tendu. Les scènes mystérieuses, lourdes de sens, se multiplient sous le regard de la caméra qui fait office d’un véritable personnage du récit. Le déroulement de l’histoire n’a rien de particulier; le scénario et les rebondissements sont négligeables, le réalisateur souhaitant s’en remettre à sa mise en scène pour transmettre l’émotion. Par contre, le danger avec une telle approche est d’alourdir inutilement le message et de brouiller l’esprit du spectateur avec des non-dits difficilement conceptualisables si ce n’est que dans leur seule représentation et Lapid tombe droit dans le piège. Si sa mise en scène se fait ingénieuse par moment, elle est au service d’un fil narratif bien trop mince pour transcender véritablement le récit et sa démonstration. Il nous reste donc les interprétations, spécialement celle du jeune garçon (Avi Shnaidman), qui sont des plus efficaces et viennent à pallier un manque de substance que le style ne peut effacer.