France, 2022
Note : ★★★ ½
Le film Les pires, lauréat du prix Un Certain Regard à Cannes cette année, débute par un processus de casting sauvage dans la cité Picasso, à Boulogne-Sur-Mer, dans le nord de la France. Plusieurs jeunes défilent à la caméra, répondant aux questions des cinéastes.
On découvre les personnages de Ryan, jeune garçon colérique vivant chez sa sœur puisque sa mère n’est pas en mesure de s’en occuper, Lily, adolescente qui traîne une vilaine réputation à son école après avoir eu des rapprochements avec deux garçons alors qu’elle était en deuil de son petit frère mort du cancer, Jessy, petit bandit, tête enflée, qui sort de prison, et la timide Maylis, jeune fille de peu de mots qui ne se prononce sur rien.
Tous ces jeunes sont sélectionnés par une équipe de cinéma qui vient tourner dans leur quartier un film dont les protagonistes sont interprétés par des comédiens non-professionnels.
Leurs interprètes sont eux-mêmes de jeunes non-professionnels de milieu similaire. Observer comment le film dans le film se réalise crée une mise en abyme très intéressante sur comment le véritable film Les pires a été tourné.
Les deux réalisatrices, Lise Akoka et Romane Gueret, ont toutes deux œuvré dans le casting ou le coaching d’enfants pour le cinéma, expérience qui a inspiré ce premier long-métrage.
Elles offrent un regard critique et introspectif fort intéressant sur leur propre pratique, celui de tourner avec des enfants, non-acteurs de surcroît, dans un milieu défavorisé, alors que les cinéastes viennent d’un tout autre milieu.
Cité de Dieu (2003), Entre les murs (2008), Shéhérazade (2018), nombreux ont été les films à utiliser ce procédé dans les dernières années.
Les Pires ne prend pas nécessairement position. Autant il propose des questionnements sur l’éthique, comme lorsque les cinéastes font se battre ou s’embrasser des mineurs, autant ils offrent un bel hommage aux artisans du cinéma et aux jeunes de ces milieux.
Comme c’est souvent le cas dans ce type de film, les jeunes comédiens sont extraordinaires par leur vérité. Ils sont à la fois drôles, touchants, bouillonnants, toujours fascinants à regarder.
Le scénario est parfois un peu frustrant parce que décousu, certaines intrigues n’aboutissent pas, des personnages sont plus développés que d’autres.
Mais l’ensemble est tellement vivant, le concept si original, introduisant une variation inédite à un genre connu, qu’on lui pardonne ses fautes et on ne demande qu’à y replonger.
Extrait :
Durée : 1h46
Crédit photos : Les Films Velvet, France 3 Cinéma, Pictanovo
Vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma