Opération enlèvement d’enfants en Afrique, Les chevaliers blancs s’intéresse aux nouveaux héros d’un quotidien qui échappe ♥♥♥½
Président d’une ONG installée dans un pays africain en guerre, Jacques Arnaud fait croire aux administrations locales qu’il œuvre, avec des bénévoles dévoués, pour sauver des enfants en les envoyant en France dans un orphelinat bien organisé, où un avenir prometteur les attend. En vérité, en échange d’honoraires substantiels, il dirige une opération visant à aider des familles françaises éprouvant des difficultés à adopter
Il y a cette année dans les productions hexagonales le souhait d’aller hors des sentiers battus, hors des problématiques nombrilistes des citadins et Les chevaliers blancs, sixième film de fiction de Joachim Lafosse en est la preuve. A l’instar de Jacques Audiard et son Dheepan ou Stephane Brizé et sa loi du marché, Les chevaliers blancs est une insertion façon documentaire dans un monde que peu côtoient. D’ailleurs la présence d’une journaliste sur place dans l’équipe de la fausse « ONG » rappelle régulièrement que la fiction peut d’ailleurs facilement flirter avec la réalité.
Inspiré du scandale de l’Arche de Zoé (survenu en France en 2007), Les chevaliers blancs donne un petit aperçu de ce qui a pu être le voyage de cette équipe dont le meneur, Jacques Arnaud, est interprété par Vincent Lindon.
Si l’action se déroule en Afrique, le film n’est pas sans rappeler A l’Origine de Xavier Giannoli et qui montrait un homme capable de construire une autoroute sans aucun fond et en mentant à tout le monde… Beaucoup plus sobre dans sa mise en scène par rapport à son précédent film (pas de cris, de larme ou de dépression cette fois-ci), Joachim Lafosse semble faire les choix d’éviter tout sentimentalisme. Ses personnages, interprétés pourtant par des acteurs de renom, s’effacent avec pudeur devant son propos. Valérie Donzelli et Louise Bourgoin, deux comédiennes à forte personnalité, sont d’ailleurs parfaites dans les deux rôles secondaires : Un peu amies, beaucoup ennemis ; Lafosse les dirige idéalement car leur différent ne vient jamais bafouer l’histoire. Leurs quelques scènes de fiction (repas, captations vidéo…) viennent d’ailleurs idéalement balancer l’aspect documentaire du film.
Coquille d’argent de la meilleure réalisation au dernier festival de San Sebastian, Les chevaliers blancs est un film neutre qui évite de prendre parti ni pour ces français proche de « l’enlèvement d’enfant » ni pour les autorités ou les forces de police présentes. Les dernières images laisseront une réflexion puissante dans l’esprit de tous. A voir !