A Paris, Isabelle Huppert incarne une enseignante de philosophie dont la vie se défile tardivement dans ce drame profond et significatif. Récompensé pour sa mise en scène à Berlin, L’Avenir est le cinquième long métrage de la réalisatrice française Mia Hansen-Løve qui sera présenté dans le cadre du Festival des films Cinémania. ♥♥♥♥½
Ce délicieux film de Mia Hansen-Løve (Eden, Un amour de jeunesse) est le premier construit autour d’une véritable vedette française. Isabelle Huppert donne un spectacle typiquement intelligent et discret en tant que Nathalie, professeur de philosophie et écrivaine parisienne que nous rencontrons en période de crise personnelle et intellectuelle. Son mari conservateur, Heinz (André Marcon), annonce qu’il la quitte pour sa maîtresse alors que ses deux enfants grandissent et s’apprêtent à quitter le nid familial. Pendant ce temps, sa flamboyante mère vieillissante (Edith Scob) est pénible à gérer et est aux prises avec une grave maladie mentale. Dans la vie professionnelle de Nathalie, sa maison d’édition démontre de moins en moins d’intérêt pour elle et son travail. De plus, Fabien (Roman Kolinka), son ancien élève préféré, songeur et idéaliste, se retire dans un collectif anarchiste quelque part dans les montagnes.
« Seulement dans les films que les femmes de plus de quarante ans quittent leurs maris »
L’avenir est un film essentiellement français dans l’âme compte tenu de ces thématiques et sa forme limpide. Le long métrage est imprégné de rythmes et de discours de la vie bourgeoise en métropole. La réalisatrice ose, sans le moindre souci, dans les idées qu’elle évoque dans cette tendre comédie dramatique — tous placés au fond d’un Paris quasi contemporain (Sarkozy est encore président à ce moment-là) avec de brefs détours dans la Bretagne et les contreforts des Alpes. L’avenir fait écho aux films précédents de Hansen-Løve dans son approche délicate du temps et sa sensibilité aux attentes et aux déceptions de la vie. C’est une cinéaste qui a tendance à s’identifier fortement à son personnage principal, nous rapprocher de la vie et des pensées de cette personne fragile, et Huppert est plus qu’en mesure de traduire ces états d’âme, offrant une performance stoïque qui masque sa pensée rigoureuse et sa constante agitation intérieure. Les amoureux de chat (et éventuellement les admirateurs de Inside Llewyn Davis) apprécieront le rôle d’un félin noir comme métaphore des changements soudains dans la vie de Nathalie. Tout le monde devrait se réchauffer dans la façon dont Hansen-Løve dépeint le chaos de la vie et de l’esprit dans un drame aussi chaleureux, réfléchi et surprenant que celui-ci. En plus d’être son meilleur film à ce jour, L’avenir est l’œuvre qui définit le mieux le cinéma perceptible de Mia Hansen-Love : comment raccorder liberté et solitude dans un même plan?
*L’avenir sera présenté le 12 novembre à 16h00 au cinéma impérial.
Auteur: Justin Charbonneau
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