KING DAVE: Le Victoria québecois !

Avec King Dave, Podz tient-il son Drive comme le laisse suggérer la bande annonce à l’univers visuellement très emprunté (sans parler de la musique de Milk & Bone) ? La réponse est un exploit technique impressionnant qui installe, peut-être, un peu plus son réalisateur dans le milieu cinématographique. ♥♥♥

Dave est jeune frondeur, un King autoproclamé, influençable mais pas inconscient. Alors qu’il se met en tête de retrouver l’inconnu qui a « dansé avec sa blonde en lui pognant le cul (Kemy St Eloi et Karelle Tremblay) », il décide de se faire justice. Entre violence, peine d’amour et amitié trahie, Dave va mettre le doigt dans la tordeur. King Dave c’est l’histoire de Dave, racontée dans un seul souffle par le biais d’un seul plan-séquence… Et oui, bon nombre de personnes viendront voir la fameuse prouesse technique… la même que le monde de la télévision avait acclamée pour 19-2 (déjà signée Podz) et calquée sur quelques essais récents à savoir le faux plan-séquence de Birdman (2014) ou le réel cette fois-ci de Victoria (2015).

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Dès les premières minutes donc, c’est cette technicité que le public observera, comme plutôt ébahi par le procédé et le travail (colossal on s’entend) nécessaire en pré-production. Si quelques effets sont visibles (le passage de la nuit au jour puis de nouveau à la nuit), d’autres sont moins perceptibles et au fur et à mesure que le récit progresse, la technique est moins palpable. On connaît Podz (alias Daniel Grou) pour ses adaptations des Sept jours du talion, L’Affaire Dumont (qui a donné à Marc André Grondin son premier rôle adulte) et plus récemment le très moyen Miraculum. A chaque fois un travail intéressant mais peut-être un manque d’empreinte artistique qui rendrait le travail du réalisateur québécois assez unique. Si ce n’est par la technique, le style de Podz est finalement peu reconnaissable. Le travail d’Alexandre Goyette en revanche, est quant à lui, très prononcé à la fois dans l’écriture et l’interprétation d’un anti-héros terroir et verbeux. Sur un plateau de neuf kilomètres de long, le comédien réussit à relever le pari du metteur en scène en étant à l’écran quasi 100% du temps… Prouesse qu’il convient de rehausser! En retour, le marathon que constitue le film…avec du texte en veux-tu en voilà, un comédien omniprésent et aucune respiration dans le récit… finissent par épuiser le spectateur qui peine, lui, à tenir la longueur. En outre la toile de fond des gangs de rue n’apportent finalement rien de nouveau à ce qui a déjà été montré (et souhaite t’on encore le voir ?).

Podz semble vouloir servir techniquement ses histoires ou ses scénaristes quand il pourrait également les accompagner ailleurs… Ici, il fait sans doute trop confiance à un texte à succès de théâtre et s’attarde sur tout le reste. Une réadaptation plus méticuleuse du scénario aurait donc mieux servi la cause du film. Pourtant King Dave se retrouve retenu en compétition du Festival International de Fantasia. C’est un fait plutôt dérangeant lorsqu’on sait que le réalisateur et sa productrice font tous les deux partie du comité d’administration….

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