Depuis quelques années, le mur entre le cinéma et les séries télévisées est de plus en plus poreux. Si au début le chemin se faisait plutôt des séries vers le cinéma (on peut penser ici à Georges Clooney ou J.J. Abrams), c’est dans le sens inverse que l’on observe ces dernières années une migration.
Des films connaissent un prolongement de leur univers à la télévision. C’est ce qui m’attire dans ce format. Au cinéma, l’histoire tient en deux heures et puis elle est finie (sauf suites et prequels). Sur le petit écran, il est possible de raconter son histoire et de la développer sur plusieurs heures. Cette saison 2013-2014 en est un parfait exemple. Pour exemple, trois séries cherchent à prolonger l’univers du film dont elles sont tirées. Marvel’s Agent of S.H.I.E.L.D est la suite directe du film The Avengers. Le show est ici mené par l’agent Coulson, présent dans le film, et qui doit gérer les suites des événements ayant eu lieu à New-York. Samuel L. Jackson y a fait une courte apparition, un personnage du dernier Thor va bientôt venir et Stan Lee y fera son traditionnel caméo. Joss Whedon, le réalisateur du film, se trouve également aux commandes de cette série.
Bates Motel et Hannibal sont des prequels aux films dont ils sont tirés. Le premier raconte la jeunesse de Norman Bates, le héros du Psychose d’Alfred Hitchcock aux prises avec sa mère. Le héros est incarné par le jeune Freddie Highmore vu notamment dans la trilogie des Arthur et les Minimoys et dans Charlie et la Chocolaterie. La seconde raconte les années précédant le Silence des Agneaux. Mads Mikkelsen y incarne le docteur Lecter aidant un agent du FBI et nouant avec lui une relation tout aussi particulière qu’avec Jodie Foster dans le film. Rappelons que Mikkelsen a obtenu le prix d’interprétation masculine à Cannes en 2012 pour Jagten (la chasse).
D’autres grands acteurs ont franchi le mur pour aller à la télévision. Si certains ont juste fait une apparition cadeau comme Brad Pitt dans Friends, d’autres se sont davantage investis. Après un passage plus que remarqué en chef de police dans une saison de The Shield, Glenn Close a été l’avocate impitoyable de la série Damages. Le show aura duré 5 saisons. Steve Buscemi (Boardwalk Empire), Robin Williams (The Crazy Ones) ou bientôt John Malkovich qui sera Barbe Noire dans Crossbones en sont d’autres exemples. La liste est loin d’être exhaustive. Les acteurs de cinéma ont de moins en moins peurs de venir sur le petit écran. Un dernier exemple coup de cœur : Micheal J. Fox. Il a été acteur de série avant d’avoir une carrière au cinéma, évidemment on pense à la saga Retour vers le Futur. Il est revenu à la télévision avec Spin City à la fin des années 90. Après l’annonce de sa maladie, l’acteur va subir une traversée du désert jusqu’à la fin des années 2000 où son apparition en guest star dans la série The Good Wife lui vaudra de nombreuses nominations aux Emmys Awards. A la rentrée, il a débuté sa propre série : The Michael J. Fox Show où sa maladie est utilisée dans l’histoire.
Autre présence de plus en plus grande dans les séries, les réalisateurs. Ceux-ci, bien souvent producteurs, réalisent même certains épisodes. Martin Scoresese est producteur de la série Boardwalk Empire et en a réalisé le premier épisode, Ridley et Tony Scott (puis Ridley seul) étaient producteur de la série The Good Wife. Mais la série récente à rassembler le plus de membres du septième art est House of Cards. La fiction de Netflix est produite par David Fincher (The Social Network) et Eric Roth (oscarisé pour le scénario de Forrest Gump). Fincher a d’ailleurs réalisé le pilote imposant le style graphique de la série. Joel Shumacher (Phone Game) a également réalisé deux épisodes. Kevin Spacey (Usual Suspect, American Beauty) incarne le politicien Frank Underwood, prêt à tout pour obtenir ce qu’il veut.
Au fil des années, les séries télévisées tendent à devenir un art à part entière. La série possède ses propres codes car son auditoire et les conditions de réception sont différents. Mais plus important encore, elles font parties du quotidien du téléspectateur et offre une très bonne visibilité. Il y a de quoi attirer Hollywood ! Et même si la liberté n’est pas beaucoup plus grande qu’au cinéma, elle permet tout de même aux acteurs de développer un rôle sur du plus long terme et aux scénaristes de créer des histoires encore plus profondes, avec un univers toujours plus fort. Les séries ont autant à raconter que le cinéma. Breaking Bad en est un excellent exemple. La série qui s’est achevée l’été passé a pris le temps d’élargir son histoire sur cinq ans. L’évolution des personnages principaux a été l’une des grandes forces de la série. Une telle évolution aurait été très difficile voire impossible en seulement deux heures de temps. Mais cette dernière affirmation n’engage que moi et libre à vous de ne pas être d’accord. Et pour vous exprimer, vous pouvez laisser un commentaire en dessous de cet article !
*Ludovic Feret pour Cinemaniak*