Un documentaire qui s’intéresse à l’œuvre du maître du suspens, à partir d’entrevues réalisées par le papa des quatre-cent coups, cela peut paraitre incroyable pour certain ? Pourtant c’était déjà une bible pour bon nombre de cinéphiles en herbe. Aujourd’hui sort sur les écrans la version documentaire de Hitchcock/Truffaut….et ça se boit comme du petit lait ! ♥♥♥½
Dès les préambules du documentaires, une voix off nous explique qu’en 1962, Truffaut, alors auteur de seulement trois films fit une lettre au grand Hitchkock, réalisateur du double de son âge (et 48 longs métrages) avec pour objet la demande d’une entrevue enregistrée sous forme de conversations avec le grand maître. Ainsi pendant une semaine à Hollywood, le réalisateur français, déjà célèbre pour ses quatre-cent coups, a pu discuter afin de connaitre les secrets de la mise en scène au cinéma. A partir de ces enregistrements fut créer le livre mythique « Le cinéma selon Hitchcock ». Ken Jones propose à partir de ce documentaire d’aller plus loin que ce livre plongeant les cinéphiles dans l’univers de l’auteur de Psychose, Les Oiseaux ou Sueurs froides.
S’il est assez facile de trouver à l’heure actuelle sur le web les 52 bobines de ces entretiens, Kent Jones est toutefois allé plus loin en introduisant de nombreuses images d’archives ainsi que quelques entretiens avec les plus grands réalisateurs d’aujourd’hui : Scorsese, Fincher, Anderson, Gray, Assayas ou encore Desplechin expliqueront tour à tour leurs analyses des œuvres du maître.
Tout d’abord le documentaire est intéressant car il rappelle dans un premier temps qu’avant 1962, Hitchcock était encore considéré comme un faiseur de divertissement. Sa rencontre d’avec Truffaut était un moyen proposé par le cinéaste français de redonner à l’Anglais ses lettres de noblesse. Il faut aussi rappeler qu’à cette époque Truffaut faisait partie des Cahiers du Cinéma à l’instar de Godard ou Chabrol. C’était donc une rencontre quelque peu dictée par le bon sens dans le but de réhabiliter un monstre sacré du cinéma qui n’était pas vénéré à l’époque (un peu comme Spielberg avant sa Liste de Schindler)
Ainsi, on assiste non sans un malin plaisir à ce mélange d’extraits de la rencontre des deux hommes, des longs métrages devenus des classiques d’Hitchcock mais du parrain de la Nouvelle Vague également. Le début d’une amitié née en 1962 donc et qui perdurera près de vingt ans jusque la mort d’Alfred.
S’il est vrai que le documentaire est sans doute plus à l’attention des passionnés que des non-connaisseurs, il devrait toutefois donner le goût d’en connaître plus à beaucoup…et ainsi faire revivre un patrimoine riche de bien des œuvres majeures.
Toujours est-il que le documentaire est un ultime hommage au maître du suspens américain, autrement plus important que le biopic qui lui a été consacré il y a quelques années (avec Anthony Hopkins). Courrez-y !