Rouge Brésil – ♥♥♥
André Gatti, de retour dans la maison familiale, retrouve les films Super 8 tournés par son frère dans les années 1970, alors qu’il était entré en résistance face à la dictature militaire. Il essaie avec cela de faire revivre la mémoire de son père, qui attend son fils disparu depuis 30 ans.
Carlos Reichenbach propose ici un objet filmique polyforme, mélange entre film actuel sur les relations entre un père et son fils, anciennes vidéos de familles, extraits d’évènements politiques filmés et chansons révolutionnaires. Entre documentaire et fiction, l’histoire politique du Brésil nous est présentée en creux, avec les effets bien actuels de la dictature militaire qu’a subi le pays de 1964 à 1985, au travers d’un homme qui attend toujours son second fils disparu. Beau et pudique témoignage sur les absents, le souvenir et l’oubli, la mort des idéaux et le temps qui passe, Avanti popolo nous montre aussi ce que sont les classes ouvrières laissées en marge de la croissance économique brésilienne. Dans un rythme très lent, appuyant sur la solitude et la tristesse d’un homme dont le temps s’est arrêté le 5 décembre 1974 (date à laquelle il a vu son second fils pour la dernière fois), la décrépitude des banlieues et la nostalgie sont appuyées par les couleurs sépias de Rodrigo Pastoriza, se rapprochant des images d’archives rythmant le film. Au-delà d’une fiction sur un père, son fils et le second fils disparu, il est bien évidemment ici question d’une oeuvre éminemment politique, à la fois témoignage du communisme au Brésil dans les années 1970 et de ce qu’est devenu le Brésil et le devoir de mémoire, aujourd’hui.
Pays : Brésil, Durée : 72 min., Réalisateur : Michael Wahrmann, Producteur: Sara Silveira, Directeur de la photographie : Rodrigo Pastoriza, Directeur artistique : Ana Paula Cardoso Design sonore : Daniel Turini, Fernando Henna Distribution : André Gatti, Carlos Reichenbach