Fascinante histoire que celle de Vivian Maier, gardienne d’enfant, photographe en dilettante, qui a légué une œuvre de plus de 120 000 photos. ♥♥♥♥½
En 2007, un jeune collectionneur met la main sur une boîte de vieilles photos et de bandes de pellicules. Ce n’est que deux ans plus tard qu’il se met à les regarder avec attention et à publier certaine de ces photos sur internet. La réponse est immédiate, il sait qu’il a quelques choses d’extraordinaires entre ses mains. Il commence alors une investigation frénétique: premièrement retrouver les acheteurs des autres boîtes du lot et deuxièmement, en savoir plus sur cette photographe, Vivian Maier. Première surprise, au moment où il commence ses recherches, l’artiste vient de décéder. La notice nécrologique sera le point de départ de cette enquête, ses recherches l’amèneront en France dans le village d’où sa mère était originaire et où Viviane elle-même passa plusieurs années dans sa jeunesse, mais ses recherches vont le conduire également vers une pléiade de personnages qui ont connu Vivian Maier de près ou de loin, parmi eux, plusieurs anciens enfants qui l’ont lorsqu’elle était leur nounou. Parce qu’il est là le mystère Vivain Maier, si aujourd’hui certain historien de la photo tentent de la faire reconnaitre comme l’une des plus importants photographes du XXe siècle, de son vivant jamais elle ne montra pas son travaille au autre.
Durant tout son enquête, John Maloof, co-réalisateur, prend soin de tout filmer, se filmer lui, mais aussi les intervenants… Comprendre la force du film, il faut comprend le statut de l’œuvre de Maier. Maier est oui une photographe, mais elle est avant toute chose une documentariste. Elle filme, enregistre, photographie tout, tout le monde et tout le temps – anecdote que l’une des anciennes protégées de Maier raconte, c’est qu’un jour, son frère est frappé par un automobiliste, Maier au lieu de lui porter attention ou d’aller chercher de l’aide, le prend en photo-. Sur bande magnétique, elle enregistre des commentaires en permanence, ces résumés d’interview pour un emploi, les commentaires des gens à l’épicerie sur le Watergate etc. et elle collectionne les journaux, découpe se qui lui semble important. Bref, elle documente le monde qui l’entoure. Elle photographie tout le monde, elle comprise, [les plus beaux clichés de Maier sont, sans l’ombre d’un doute, ses auto-portraits, il faut les voir pour comprendre, elle a une imaginativité incroyable pour se mettre en scène]. Elle collection aussi ces factures, reçus, lettres, tickets des développements photographiques, elle collectionne même des dents.
Ce que Maloof fait, c’est presque une mise en abime du travail de Maier, il interview ceux qui l’on connu, filme les lieux qu’elle a fréquenté et comme Maier, il se mets en scène. Le seul point qui accroche un peu dans cette production est justement le rôle de Maloof, par la découverte de tout le matériel de Maier qu’il a acheté et qu’il collection et vu que Maier n’ayant pas de descendant, il devient l’unique ayant-droit de l’œuvre de Maier. Ce genre de truc est le genre de sujet qui plait énormément aux gens de l’«Academy of Motion Picture Arts and Sciences», la parfaite «underdog story», la réalisation est parfaitement réussit et le film ne continent pas une minute d’ennui, alors il ne serait pas surprenant de le voir nominer dans la catégorie du Meilleur Documentaire [je suis déjà prêt à miser un 5$ qu’il reportera], ceci étant dit, avec un oscar en poche, les «prints» officiels de Maier vont monter en valeur et qui en sera le principal bénéficière, Maloof lui-même. Alors le film pose une question étique importante, où est la limite entre une info-pub auto-produite et un documentaire? John Maloof n’est pas propriétaire de 100% de l’oeuvre de Maier, Jeffrey Goldstein, collectionneur d’art de Chicago, avait acquis en 2010 environ 15 000 photographies de Maier, il n’y a pas une fois dans le film où il est question de lui, Maloof l’éclipse totalement, il représente comme l’unique référence de l’œuvre de Maier, signant lui-même les prints officiels. Cependant, ne laissez pas ce mineur questionnement étique bouder votre plaisir de découvrir cette immense photographe.