Plusieurs membres de l’équipe de rédaction de Cinémaniak ont proposé, compilé, classé et discuté des films qu’ils considèrent être ceux de la décennie. À la suite de leur classement personnel, un pointage a été accolé à chacun des films selon leur position. À cette compilation, ont été ajoutées les différentes cotes des quatre sites spécialisés en cinéma que sont Letterboxd, Metacritic, RottenTomatoes et le bien de chez nous, Médiafilm. À partir des pointages finaux, le classement a été effectué et compilé en catégories. Chacune d’entre elles font l’objet de deux épisodes dans le cadre du balado produit en collaboration avec CISM 89,3 FM. Pour écouter les débats entourant les films du classement, rendez-vous sur la page de la baladodiffusion.
Pour cette deuxième partie de ce dossier, Cinémaniak se prononce sur les films des États-Unis. Voici les positions 30 à 21 des meilleurs films américains de la décennie.
POSITION 30
THE LIGHTHOUSE de ROBERT EGGERS
2019
Le réalisateur Robert Eggers poursuit son exploration de l’horreur avec une touche de bizarre dans son second long métrage, The Lighthouse, à la fois différent mais familier de son The Witch. Cette seconde offrande met en scène deux hommes tentant de maintenir leur santé mentale alors qu’ils doivent garder un phare d’une île mystérieuse de la Nouvelle-Angleterre en 1890. Somptueuse descente dans la folie en noir et blanc avec deux performances magistrales, une dans une violente folie (l’édenté Willem Dafoe) et l’autre dans le questionnement constant (l’excellent Robert Pattinson). Attaques d’oiseaux, tempêtes et relations sexuelles avec des sirènes incluses.
POSITION 29
THE MASTER de PAUL THOMAS ANDERSON
2012
Paul Thomas Anderson demeure fidèle à lui-même et explore une forme de folie ou d’obsession avec The Master. Librement inspiré, mais évidemment inspiré, d’une partie de la vie du fondateur de l’église de scientologie, le film raconte l’histoire de Freddie Quell (hypnotisant Joaquin Phoenix), vétéran de retour de la guerre qui est charmé par la Cause et son charismatique dirigeant Lancaster Dodd (Philip Seymour Hoffman) et sa femme Peggy (surprenante Amy Adams). Des performances d’acteurs impeccables (comme dans tous les PTA) à travers une caméra impressionnante tourné en 65mm. Les limites du culte et de la folie en 138 minutes.
POSITION 28
THE TREE OF LIFE de TERRENCE MALICK
2011
Fort de sa Palme d’or, Tree of Life était le pari de Terrence Malick de faire un film à la fois sur les origines du monde et sur une famille texane en 1956. Film inhabituel, mais qui possède les qualités cinématographiques que seul Malick peut insuffler à une œuvre. À la fois philosophique, visuellement magnifique, Tree of Life est un voyage auquel il faut s’abandonner pour en apprécier l’expérience. Construit en deux parties distinctes (les origines du monde et la famille texane), le film demande aux spectateurs de faire ses propres liens. Brad Pitt en père autoritaire, Jessica Chastain (dans le rôle qui l’a révélée), un jeune Tye Sheridan et un Sean Penn déchiré sont les visages auxquels on s’accroche.
POSITION 27
WINTER’S BONE de DEBRA GRANIK
2010
La réalisatrice Debra Granik est responsable d’avoir sortie Jennifer Lawrence de l’anonymat avec son second long métrage Winter’s Bone. La jeune actrice incarne Ree, une adolescente à la recherche de son père trafiquant de drogues dans les montagnes de l’Ozark au centre des États-Unis. Sa quête dangereuse la mènera là où elle ne veut pas aller, mais le fera pour maintenir sa famille unie. Un film gris, un film tendu mais sensible, une actrice qui porte cette histoire sur ses épaules.
POSITION 26
BLACKKKLANSMAN de SPIKE LEE
2018
Spike Lee réalise un joint dans le genre de la comédie… sur le Klu Klux Klan basée sur une histoire vraie absurde : un policier noir réussit à infiltrer le KKK à l’aide d’un collègue juïf (Adam Driver) qui deviendra leur dirigeant. John David Washington se démarque de son père (Denzel Washington) avec ce premier rôle à la hauteur de son charisme. Lee signe une comédie où la réalité est à la hauteur de l’absurdité du KKK. Divertissante, politique et essentielle, cette comédie qu’est BlacKkKlansman nous rappelle à l’ère Trump que malheureusement, cette violente discrimination est toujours d’actualité (voir le pamphlet politique du générique de fin).
POSITION 25
MADELINE’S MADELINE de JOSEPHINE DECKER
2018
Madeline’s Madeline met en scène une jeune Madeline (Helena Howard), actrice de théâtre, qui se retrouve au cœur du dernier projet de la metteure en scène Evangeline (Molly Parker). La jeune actrice prendra son rôle au pied de la lettre et s’investira dans le projet au grand dam de sa mère (Miranda July). Josephine Decker tente de traduire la subjectivité de sa protagoniste Madeline à travers sa caméra, et par le fait même tente d’inventer un nouveau langage cinématographique. Ce film est innovateur en termes de langage visuel. Il faudrait s’y pencher davantage et en faire une analyse complète. Fascinant. Helena Howard, dans un premier rôle, impressionne. Une expérience cinématographique comme le cinéma américain nous en offre peu souvent.
POSITION 24
JOKER de TODD PHILLIPS
2019
Film qui a fait polémique sur tous les sujets (de la violence à son Lion d’or à Venise), Joker de Todd Phillips laisse peu de gens insensibles. Si la réalisation est efficace mais dans son ensemble convenue, Joker repose principalement sur son interprète principal qui offre une performance exceptionnelle. Joaquin Phoenix fascine dans sa transformation psychologique et physique. Un film dur qui demande un dialogue.
Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.
POSITION 23
INSIDE LLEWYN DAVIS de ETHAN COEN et JOEL COEN
2013
Les frères Joel et Ethan Coen mettent en images une semaine dans la vie d’un jeune chanteur folk sur la scène new-yorkaise (Greenwich Village) du début des années 1960 avec Inside Llewyn Davis. Oscar Isaac donne une nostalgie et nous révèle son talent dans son interprétation du personnage titulaire. Davis erre entre le Greenwich Village et Chicago, perdu, mais artiste. Il y croisera plusieurs personnages charismatiques (interprétés par Carey Mulligan, John Goodman, Garrett Hedlund, Justin Timberlake et Adam Driver. Les frères Coen ont su capter l’ère et l’esprit du folk avec une touche de nostalgie, mettant en son cœur un chat. Doux amer, comme la vie.
Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.
POSITION 22
BLACK SWAN de DARREN ARONOFSKY
2010
Darren Aronofsky plonge dans la quête de la perfection et son obsession. Natalie Portman mène le film avec une performance complexe entre l’innocence et la noirceur refoulée. Aronofsky joue avec les perceptions malsaines que l’obsession peut causer. Black Swan nous met tête la première dans l’univers sombre du ballet, au littéral et au figuré. Entourée de Mila Kunis, Vincent Cassel et Barbara Hershey, Portman incarne la vulnérabilité dans cette violence constante qu’elle subit et qu’elle s’impose.
POSITION 21
THE BIG SHORT de ADAM MCKAY
2015
Un film sans subtilité (bris du 4e mur), très in your face (en brisant le 4e mur), mais avec ce sujet et le manque de révolte qui a suivi ces événements il est essentiel d’être aussi agressif dans son message ! Tout le monde est en grande forme… en commençant pas la réalisation de Adam McKay. Pour comprendre la chute de notre système économique et son maintien malgré son inefficacité répétée parce que beaucoup trop profitable à une trop petite minorité, The Big Short est à voir. Vous aurez une claque dans la face, mais cette claque est essentielle. Une comédie disjonctée avec un fond sérieux, comprendre par la culture populaire. Avec une distribution impressionnante : Ryan Gosling, Christian Bale, Steve Carell, Tracy Letts, Marisa Tomei, Hamish Linklater, Jeremy Strong, Finn Wittrock, Brad Pitt, Max Greenfield, Billy Magnussen, Melissa Leo et Selena Gomez.
Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.