Si le festival de cannes demeure aujourd’hui le plus important au monde de par sa diversité et surtout sa notoriété, il convient aujourd’hui d’admettre que ce n’est ni Berlin, ni Venise ni même Sundance qui se taillent désormais la part du lion. Petit passage en revue des festivals mondiaux de cinéma et de leur impact pour les films.
Le Festival de Cannes
A partir de mi-avril chaque année c’est le même cirque ! Une seule ville est sur toutes les bouches. Ira ? N’ira pas ? Toutes les productions s’empêchent de respirer dans l’espoir d’une éventuelle sélection dans le plus prestigieux festival du monde: Cannes !
Petit retour en arrière quand, un peu jaloux du succès de la Mostra de Venise, la France décide en 1938, de créer en France un festival international rival. Après un temps avoir étudié le potentiel de Biarritz, c’est finalement la ville de Cannes qui sera retenue et, dès la première édition présidée par Louis Lumière voit la sélection du Magicien d’Oz de Fleming….en 1939, quelques semaines avant le début de la guerre.
Il faudra attendre 1946 et la sélection de La belle et la bête de Cocteau ainsi que 43 autres long métrages pour voir une seconde édition. Depuis et après de nombreuses palmes d’or délivrées à Clouzot, Fellini, Demy, Visconti, Lelouch, Coppola, Scorseses, Tarantino ou dernièrement Haneke et Kechiche, « Le festival de Cannes a pris une place dans la vie cinématographique du monde, de telle manière qu’il n’est plus possible de ne pas compter avec lui. » (Philippe Erlanger)
Lelouch, Godard, Truffaut, Malle, Polanski et bien d’autres en Mai 1968 pour un soutien à Henri Langlois chassé de la Cinémathèque.
Le TIFF
Véritable tremplin pour les oscars, le TIFF (Toronto International Festival Festival) débute dès la fin de la Mostra de Venise et semble désormais incontournable pour les producteurs. Dans une compétition qui n’en est pas une car elle ne remet pas de prix (et n’annonce donc aucun perdants contrairement au festival de Cannes), le festival permet véritablement aux cinéastes de se frayer un chemin jusqu’au public nord-américain : Godard, Almodovar, Verhoven, Beinex, Campion…autant de réalisateur étrangers qui ont bénéficié de Toronto.
De plus, il semble vraiment formaté pour dénicher chaque année l’oscar du meilleur film. Sur les 11 derniers lauréats, seuls trois n’y ont pas été projetés.
Débuté en 1976, Toronto est aujourd’hui considéré par le magazine Variety comme étant le « second festival après Cannes en terme de films, de vedettes et de prestige ». Quel dommage que, chaque année, les films québecois en soient réduits à une visibilité proche de 0 ! Maxime Giroux nous expliquait il y a quelques semaines qu’il n’avait pu y donner que 2 entrevues au moment de la sélection de Felix & Meïra: « Au moment de la sélection, nous ne sommes pas assez connu pour intéressé l’international et les journalistes québecois ne viennent pas à Toronto pour rencontrer les films québecois présentés »
Sundance
Si Sundance obtient un avantage certain grâce à son calendrier (en janvier chaque année), il doit aussi faire admettre aux producteurs leur retrait purement et simplement de la course aux oscars; En effet, le festival arrive beaucoup trop tôt dans l’année pour être éventuellement sélectionné (sauf cas exceptionnels comme « Precious » en 2009). Sundance est aujourd’hui le plus important festival de films indépendants de la planète. Il date de 1978 et sa compétition notamment au niveau des courts métrages est toujours très belle.
La Berlinale
La Berlinale, tout comme Sundance a lieu très tôt dans l’année ce qui lui donne le désavantage d’obtenir les plus prestigieux réalisateurs. Certains encore trop confidentiels n’hésitent pas à y lancer leur film (c’est le cas par exemple de Steve McQueen qui y envoyait Shame il y a quelques années) même s’ils savent qu’ils devront faire une croix sur les oscars. Les cas de Whiplash sont très rares où le buzz fonctionnent plus de six mois…Le vrai tremplin pour les films américains aux Oscars, c’est le TIFF. Inversement, pour les films étrangers (dont le buzz est plus long), il parait possible d’être révélé à Berlin (Une séparation) ou Cannes (The Artist). En revanche, il est aussi très facile de passer inaperçu à Berlin tant la programmation y est monstre (plus de 600 films y sont parfois présentés).
La Mostra de Venise
La Mostra a été crée en 1932 avec pour but d’ajouter une section cinéma à la Biennale d’Art de Venise. Le festival est donc le doyen même si, à ses débuts, la manifestation était souvent accusée de propagande fasciste. Si aujourd’hui la réputation du festival est toujours importante et ses sélections superbes, souvent les palmarès déçoivent…
Les Festivals Montréalais
Côté montréalais, c’est un véritable pugilat qui a lieu tous les ans entre les quatre principaux festivals.
Pendant des années le FFM faisait figure de leader (il y a encore 4 ans, il obtenait encore The Artist en seconde sélection mondiale), lui qui avait été inauguré si joliment en 1977 par Ingrid Bergman. Aujourd’hui il semble avoir clairement laissé sa place aux trois autres mastodontes qui se partagent les restes de Cannes, Berlin et Sundance. Souvent, Fantasia et le FNC tentent le pari de films inédits (dans le cinéma de genre pour Fantasia et dans le cinéma d’auteur pour le FNC) quand Cinémania préfère assurer avec la crème des films francophones. Celui qui a fait le plus de chemin au niveau de ses sélections depuis dix ans est véritablement Cinemania (sans doute un budget plus conséquent aujourd’hui) . En terme de fréquentation et désormais de notoriété, Fantasia est un exemple de réussite qui risque de durer dans le temps…
Bien sûr, la concurrence engendrée par Toronto est chaque année importante et il parait impossible d’obtenir des exclusivités mondiales pour des réalisateurs de renom. Mais pour les amateurs de septième art, il y a toutefois de quoi faire !