Everybody wants some

Dans Everybody wants Some, Linklater retourne aux sources. ♥♥♥½

La nostalgie, la mélancolie, voilà des sentiments très puissants en art. Pour l’américain Richard Linklater, ils ont été toujours au cœur de sa démarche et de ses œuvres les plus marquantes. Que ce soit la nostalgie d’une époque (Dazed and Confused), du passé (Slacker) ou des amours perdus et retrouvés (la trilogie Before), Linklater a toujours su trouver le ton juste pour nous faire pénétrer dans ses univers sans autre objectif que de nous faire espérer faire partie de l’histoire. Malheureusement, dans son avant-dernier film, l’exécrable Boyhood, il doublait cette nostalgie d’un propos lourd, pesant et moralisateur. Les limites de l’approche Linklater étaient atteintes. Fort heureusement, son nouveau venu, l’heureux Everybody Wants Some, voit Linklater revenir dans les terreaux fertiles de ses débuts à savoir; la légèreté, l’humour et l’heureuse mélancolie.

Après les années 1970 de Dazed and Confused, Linklater se tourne vers les années 1980 avec son Everybody Wants Some. On suit une bande d’étudiant à l’Université et joueurs de baseball durant le dernier weekend avant le début de l’université. L’obsession du temps qui passe de Linklater est toujours présente alors que l’on voit les jeunes festoyer et vivre au rythme de leur époque dans un décompte inéluctable vers le début officiel de leur vie d’adulte.

D’entrée de jeu, il est clair que la direction artistique est au centre du récit pour faire tirer la larme à l’œil à ceux qui avaient 20 ans en 1980, à faire remémorer les bons souvenirs de leurs parents et faire rigoler leurs enfants d’aujourd’hui. Comme Dazed and Confused, tout public y trouve son compte alors que les voitures, le look et les mimiques des personnages sont savamment ancrés dans l’époque. Les moustaches et jeans serrés sont à l’honneur alors que la trame sonore ancre clairement l’époque : The Knack, Blondie, Pat Benatar, Van Halen, Cheap Trick ou Dire Straits entonnent ainsi leurs grands classiques. Si on entend à une seule reprise un classique de Pink Floyd gracieuseté du hippie de service qui semble sortir tout droit de Dazed and Confused, il sera ironiquement éjecté du récit, comme on éjecte les années 1970 au tournant des années 1980.

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Il n’y a aucun rebondissement, aucune péripétie, même pas la moindre incartade amoureuse, qui vient perturber le quotidien de ces personnages et enlever à l’histoire sa légèreté. Linklater est à son meilleur; dans la représentation plutôt que dans le propos. On sent son plaisir évident à reproduire une époque le plus fidèlement possible et ce plaisir se transmet chez tous les spectateurs. Linklater est maître dans l’art de la nostalgie et nous n’avons qu’une envie de nous retrouver parmi ses personnages, comme ce fut le cas avec Ethan Hawke dans Before Sunrise ou Jack Black dans School of Rock.

Bien sûr, nous sommes ici dans la légèreté. Le film est plus près de Folies de Graduation dans la représentation typique d’une époque que dans les grandes questions de la série Before. Mais l’amour, le respect et l’empathie que Linklater témoigne pour ses protagonistes et cette période forcent l’admiration. Si le prix à payer pour voir Linklater faire du Linklater est cette légèreté rafraichissante, pour ma part, j’achète!

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