Ernest et Célestine, le voyage en Charabie : Le retour du duo tout doux

France, 2022
★★★½

En ce décembre glacial, quiconque est à la recherche d’un film simple, doux et réconfortant ne sera pas déçu par la suite de Ernest et Célestine (2012). Lambert Wilson et Pauline Brunner reprennent leurs rôles respectifs en tant qu’Ernest l’ours et Célestine la souris afin de nous emmener en Charabie, le pays d’origine d’Ernest. Ce deuxième long-métrage mettant en vedette les deux personnages imaginés par l’auteure et illustratrice belge Gabrielle Vincent est rempli de belles couleurs, d’une incroyable trame sonore, et de nouvelles aventures qui en révèlent plus sur le passé d’Ernest.

Julien Chheng et Jean-Christophe Roger, qui avaient également réalisé le moyen-métrage de 2017, Ernest et Célestine en hiver, reviennent en tant que réalisateurs pour ce nouveau projet. Malgré la simplicité du scénario — c’est, après tout, un film pour enfants — Ernest et Célestine : Le voyage en Charabie aborde des sujets très intéressants, revenant encore une fois sur les thèmes de l’empathie et de la communauté. Si le dénouement de l’histoire peut sembler un peu utopique, c’est également un rappel que, parfois, il est aussi simple que cela de résoudre un problème — si seulement on pouvait retrouver notre cœur d’enfant.

Ernest, Célestine, et la création d’une communauté

Le premier long-métrage mettant en vedette les deux amis avait remporté plein de bonnes critiques, des nominations (notamment meilleur film d’animation aux Oscars) et des prix. Beaucoup ont applaudi le style d’animation ainsi que le message positif du film, montrant que n’importe qui pouvait se lier d’amitié, peu importe leurs différences. Même si on prend en considération seulement l’aspect visuel du film — les couleurs pastel, l’animation simple qui rappelle un livre illustré, l’apparence douillette des personnages — c’est une réussite, c’est satisfaisant à regarder et réconfortant. Cependant Ernest et Célestine est bien plus que son esthétique…

Le premier long-métrage (nominé aux Oscars) se concentrait surtout sur Célestine (Pauline Brunner), une petite souris orpheline qui adore dessiner, mais qui devra bientôt étudier pour être dentiste (car toutes les souris sont dentistes, apparemment). Elle se lie d’amitié avec Ernest (Lambert Wilson), un ours grognon qui adore manger et jouer de la musique. Adorable, non ? Seulement, cette amitié est seulement une petite partie d’une histoire qui traite des préjugés, de la discrimination, de l’inégalité des classes sociales, ainsi que de l’injustice du système judiciaire. Puis, c’est un merveilleux exemple de la communication et de l’ouverture d’esprit qui sont au sein de toutes les bonnes communautés — même si cette communauté est un duo composé d’une toute petite souris et d’un ours.

Une introduction aux régimes dictatoriaux

Le deuxième long-métrage reprend plusieurs de ces thèmes. Cette fois-ci, le duo se retrouve en Charabie, pays d’origine d’Ernest qu’il a fui pour éviter de devenir juge, métier que sa famille le forçait à apprendre par tradition. On apprend vite que les règles en Charabie sont aussi simples que ridicules : les enfants doivent s’habiller comme leurs parents, et pratiquer leur métier lorsqu’ils sont assez vieux. Les fils comme leurs pères, les filles comme leurs mères — donc on ne choisit même pas quel parent suivre dans son métier, on est également limité par son genre. Lorsque Célestine remarque le ridicule de la situation, Ernest répond simplement que « c’est comme ça et pas autrement », démontrant la rigidité du traditionalisme dans ce pays.

À la suite de la fuite d’Ernest, parti pour suivre son rêve et devenir musicien, son père, en guise de vengeance, avait passé une loi stipulant que la musique était maintenant interdite (à l’exception de la note Do). La mission de la police est maintenant d’arrêter tout musicien qui enfreint cette loi, et de confisquer tout instrument qui produit d’autres notes que le Do. Cette dictature est habilement questionnée dans le scénario, qui expose le ridicule d’un régime où, afin de se débarrasser de quelque chose qui est considéré mauvais, on doit avoir énormément de connaissances sur ce sujet. Pour les spectateurs adultes, l’allusion au maccarthysme est assez évidente, alors que pour les enfants ce serait une première introduction aux régimes dictatoriaux et à l’importance de la pensée libre.

Puis, le film questionne également le rôle de la police au sein d’une société : les policiers luttent-ils vraiment pour les meilleurs intérêts de la population, ou servent-ils seulement à appliquer une loi qu’une personne au pouvoir a mise en place afin de se venger ? Si seulement les policiers avaient réellement défendu la population, tout ce scénario n’aurait pas été possible. Pourtant, il rappelle de vraies situations à travers l’histoire… où il y a eu des interdictions bien pires que la musique.

C’est la fête !

Malgré ces thèmes quelque peu lourds et sérieux, le message final du film est réjouissant. Il y a une ambiance de fête pendant toute la durée de l’action, surtout due au style visuel, qui rappelle une soirée douillette passée à feuilleter un livre d’illustrations. Les belles couleurs pastel instaurent une esthétique sereine qui fait du bien à regarder, et même les mouvements des personnages, doux et estompés même lors des actions plus dynamiques (par exemple, à chaque fois qu’ils s’enfuient de la police) sont incroyablement apaisants.

Finalement, la trame musicale, dont le compositeur est Vincent Courtois et une musique finale signée Pomme, est tellement réussie qu’elle donnera envie de danser même au plus grognon des ours. Les compositions de la résistance musicale, surtout, sont remplies de vie et d’espoir, et elles valent la peine d’être entendues en salle, avec un bon système de son. C’est une belle petite aventure à vivre en famille, avec ses amis, ou même seul·e avec un chocolat chaud.

Bande-annonce :

Durée : 1h20
Crédit photos : StudioCanal

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